Avec : Anouchka, Antonio Mayans, Youri Radionow
Année : 1980
Incroyable Jean Rollin ! Le réalisateur, décédé il y a peu, était un des rares capable de donner envie de défendre l'indéfendable. Des titres aussi insolites que Les raisins de la mort ou La nuit des horloges, aux fulgurances magnifiques égarées dans d’interminables plans à la magie incertaine. Mais Le lac des morts-vivants, quand même… Il faut confesser que Jean Rollin ne l'assumait pas pleinement, signant d'un pseudo exotique -J A Lazer- cette pourtant bien franchouillarde pellicule, production Eurociné de sinistre mémoire. Et on ne lui donnera pas tord, car de Jean Rollin, il n'y a point dans ce navet cosmique. Exit la langueur troublante au profit d'un pénible sur place. Pas de lyrisme, mais du je-m'en-foutisme. Et ce montage dyslexique ! Un poème. Les zombies sortent du lac en boucle, grimacent sur la place du village, un instant
Impensable bobine à la photographie ignoble, au scénario irresponsable et à l'érotisme tristounet. Paradoxalement, on y trouve tout ce que les critiques reprochent traditionnellement à Jean Rollin. L'amateurisme total, la nullité de chaque plan, la bêtise intersidérale d'une histoire qu'évidemment sa mise en scène ne vient pas sauver. Et c'est peut-être là que se niche l’intérêt majeur du Lac des morts-vivants : le fait de nous permettre justement de toucher les différences palpables qui existent entre cette coquille vide de commande et les œuvres signées par le réalisateur, habitées, elles, d'une certaine poésie, d'un art assumé du plan qui fascine, d'un ridicule fauché qui attire la tendresse et l'indulgence. Un film à voir donc, dans l'optique soit de rire un bon coup en suivant cet improbable roman photo sur les difficultés d’assumer son rôle de père dans la France profonde quand on est un zombie nazi amphibie, soit de mieux comprendre, par son absence même, l’essence du cinéma de Jean Rollin.
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