Réal : Josh Trank
Avec : Dane DeHaan, Alex Russell, Michael B. Jordan
Année : 2012
C’est assez confiants que nous sommes partis à bord de la Zito’s mobile afin d’assister à l’avant première de Chronicle, film auréolé d’une jolie réputation, qui débarque sur les écrans français la semaine prochaine. Bonne nouvelle : ce n’est pas une énième baudruche gonflée artificiellement à grands coups de buzz. Mauvaise nouvelle, c’est un épisode de plus dans l’histoire du cinéma tourné à la première personne, qui se perd dans les méandres de son propre dispositif. Dommage, il aurait pu s’agir d’un des films de SF les plus monstrueux de ces dernières années. Finalement, cela restera un bon moment de passé. Ce qui n’est pas si mal.
Attaquons par le versant teen-movie, qui fonctionne à plein régime. Extrêmement crédible, le scénario évite les poncifs pour s’attarder sur trois lycéens qui acquièrent des pouvoirs psychiques après avoir été au contact d’une substance mystérieuse. La première partie est impressionnante, nous faisant basculer dans le quotidien d’Andrew, adolescent englué dans son mal être, et qui décide de filmer son existence pour pouvoir continuer à avancer. De brimades en violence, sa vie ressemble un peu à un enfer pour ado ayant raté le train de la popularité. Autant écrire que ces pouvoir télékinésiques tombent à point nommé dans son existence aux faux airs d’impasse glauque.
Sauf qu’à la différence de ses deux camarades, ce freak uniquement protégé de la vie par sa caméra n’est peut-être pas assez structuré pour pouvoir assimiler cette puissance dont il ne maîtrise pas le dessein. Josh Trank et Max Landis frappent juste. La crédibilité des situations associée au jeu de tout le casting, rend l’impossible tout à fait acceptable. D’où certainement cette volonté de tourner leur teen-movie dans le style Food-footage, à l’image d’aînés plus ou moins réussis (Blair Witch pour le plus ou Cloverfield pour le moins). Et c’est sur ce point que Chronicle rate une marche. De fait, l’utilité du dispositif est comme souvent, sujet à caution dès le début du film. Afin d’expliquer l’existence des images que nous voyons, nous devons en passer par les tunnels narratifs les plus stéréotypés. Ainsi toutes ces personnes croisées qui se sentent obligées de demander que l’on coupe la caméra, tout comme ces images tournées sans raison par ses amis lors de soirée, ces sempiternelles confessions qui sentent la loose, et ces grands écarts techniques pour varier les angles de vues. Au lieu de la légèreté espérée, il est clair que ce choix plombe un peu l’ambiance.
Pourtant, et malgré cette faute de goût, le métrage fonctionne bien, se fait parfois étonnant alors qu’il poursuit le chemin extrêmement balisé de tous les franchisés du « superpouvoir » . La première partie, celle de la découverte de leur potentiel, des premiers tests et des limites qu’ils induisent, roule sur du velours dans une ambiance Mysfits version pathos. Car ça ne rigole pas, dans Chronicle, loin de là. Autour des paillettes,
Sauf qu’à cet instant, le réalisateur abandonne totalement le dispositif initial, au profit d’une mise en scène classique particulièrement efficace qu’on aurait aimé voir dès le début. Chronicle prend de l’ampleur, un souffle inattendu qui n’est pas sans rappeler le monstrueux Akira. Mais les choses vont soudain trop vite. Les évènements ne prennent pas le temps, comme s’il fallait se dépêcher d’en finir alors que le scénario en avait encore beaucoup sous la pédale. De Flamboyant, Chronicle se fait frustrant, avec sa durée rikiki pour une histoire qui méritait un développement plus approfondi. Le deuxième acte explose donc, comme un feu d’artifice, le temps de nous laisser sur les genoux, avec un goût de trop peu dans la bouche. Tristounet.
En bref : Vraie bonne surprise, avec son côté super pouvoir réaliste, Chronicle fait deux erreurs qui, si elles ne gâchent pas totalement le plaisir, en atténuent grandement la portée. D’abord dans le choix lourdingue du tournage à la première personne, qui plombe la narration sans vraiment apporter quoi que ce soit d’intéressant en échange, puis dans le développement finalement très sage d’un script qui portait en lui les germes du chef d’œuvre d’Ottomo : Akira. Entre enthousiasme et déception, Frank Zito a donc réintégré sa Zito’s mobile trois chevaux un peu chagriné, avec l’impression d’avoir assisté à la victoire sans forcer d’un athlète qui en a gardé beaucoup sous la semelle pour un prochain essai. A suivre donc…
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