Réalisation : Michel Hazanavicius
Avec : Jean Dujardin, Bérénice Bejo, John Goodman
Année : 2011
Pas la peine d’ergoter sur les qualités de
The Artist,
elles sont louées en long, en large et en travers d’une presse l’autre. Un
bon film en noir et blanc, muet, avec en tête de gondole un Jean Dujardin de
gala, voilà ce qu’est exactement le film de Michel Hazanavicius. Ni plus, ni
moins. Et loin de nous l’envie de nier le plaisir pris lors de la projection,
car The Artist est un film bien foutu, qui n’ennuie jamais, charme de
par ses décors, son interprétation et son anachronisme cinéphile, là où les
OSS du même Hazanavicius n’étaient qu’une succession ininterrompue de
saynètes plus ou moins drôles (souvent moins) parodiant un genre plus que le
copiant servilement.
La faute à la nature
même du film qui, au fond, n’est que l’œuvre appliquée d’un copiste. Pour sûr,
tout y est accompli dans les règles de l’art, l’équilibre dramatique y est
respecté, les cartons parfaitement posés, le décalque finement travaillé. On
imagine le réalisateur et son équipe plongés durant des mois dans les archives
pour s’y repaitre de Fairbanks, Chaplin,
Lubitsch, Wilder et Lang. Et le rendu est effectivement quasi parfait.
Seulement quel sens donner à tout cela ? Un sens artistique quand un tel travail
d’antiquaire semble plus relever de la déférence laborieuse, voire de l’absence
même de personnalité. Hazanavicius, sans aucun doute, y fait mieux que lors de
ses précédents efforts, la faute, serait-on tenté de croire, à un cinéma copié
de plus grande valeur, d’une plus grande exigence. Mais en soi, quelle patte
apporte-t-il à tout cela ? Quelle audace à remettre le couvert de l’éternel
duplicata ? Quel plaisir, au-delà de celui de la pure reconstitution
méticuleuse
? Film muet fait à l’ancienne, avec les mêmes moyens de production pharaoniques,
les mêmes étoiles, il est surtout une machine de guerre produite pour ce même
public de masse que draguait naguère Jeunet avec son Amélie : un public
unanimement enthousiaste devant l’industrie triomphante, un public de musée
empoussiéré, le public rêvé de The Artist : celui qui trouve en toutes
circonstances et à tout propos que c’était mieux avant…
En bref : Si Frank Zito, au
fond, n’a pas grand-chose à dire sur The Artist, film agréable incarné
par l’un des acteurs les plus plaisants du cinéma hexagonal, il a beaucoup à
redire sur la démarche et la réception même du film. Car là où l’on peut se
féliciter de trouver dans les salles une bobine grand public de qualité, il
semble exagéré d’essayer d’en faire une œuvre hors du commun. Fac-similé soutenu
par un producteur audacieux, au sens des affaires aiguisé, The Artist
mérite autant les louanges qui s’abattent sur lui que la Tour Eiffel en allumettes réalisée par François Pignon. De la même manière, on peu trouver le
travail impeccable, mais ici comme dans le dîner de con, cela reste une
miniature qui s’essaye à représenter un monde plus grand que lui. Très bon quand
même.
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