jeudi 16 février 2012

Lucarne : Dexter (Saison 5)


  
Créée par : James Manos Jr

Avec : Michael C. Hall, Jennifer Carpenter, Desmond Harrington

Alors que la saison 4 nous avait laissé sur les genoux, se clôturant sur l’assassinat de Rita par le Trinity Killer, que Dexter se retrouvait de-facto père célibataire d’une famille nombreuse, et que l’on avait appris la triste nouvelle du cancer de Michael C Hall, les interrogations sur la suite donnée à la série laissaient la porte ouverte à toutes sortes de suppositions. Et curieusement, c’est la seule à laquelle on avait pas pensé qui est arrivée : le déclin aussi soudain que radical d’une série qui semblait pourtant en avoir encore sous la semelle.


Dès le départ, Dexter s’empêtre dans ses contradictions : peut-il devenir un bon père ? Est-il fautif de n’avoir su protéger son épouse ? Devra-t-il continuer à tuer pour vivre ou vivre pour tuer ? Autant de questions révélatrices des doutes qui affectent les scénaristes de la série, celle-ci partant en vrille dès l’épisode 2, radotant sa narration comme un grabataire un peu gâteux ses récits de guerre. Dans une sorte de délire non-sensique, Dexter abandonne tout, puis décide de revenir vivre dans son appartement, Debra s’installant avec Quinn qui soupçonne Dexter d’être l’assassin de Rita. Quinn qui embauche Liddy, un flic véreux, afin d’enquêter en sous-marin. Astor et Cody vont eux s’installer chez leurs grands-parents, Harrison restant seul avec Sonia, une nounou d’enfer qui permet à Dexter de s’occuper du nouveau tueur en série de Miami tandis que Masuka le remplace au labo, que le lieutenant Laguerta règle ses problèmes personnels avec Angel Batista et sa hiérarchie, que Lumen la survivante emménage dans la maison familiale où Astor fait une fugue, que Debra perd son insigne pour mieux le retrouver, que Dexter botte le cul d’un parent d’élève, qu’il n’y a plus un, mais cinq meurtriers etc, etc, etc.

Tirelipimpon sur le chiwawa


Comme toutes les séries ne sachant plus où elles vont, Dexter part dans tous les sens, joue la carte des rebondissements faciles, s’encombre de dizaines d’intrigues secondaires, délaisse la relation des personnages principaux chacun jouant sa partition au mépris d’une intrigue principale tellement énorme que personne dans le commissariat ne semble y prêter attention. Et puis de toute façon, Dexter, au commissariat, il y fout plus les pieds. Il préfère de beaucoup faire n’importe quoi, niant épisode après épisode sa crédibilité de tueur froid pour lui préférer celle d’assistante sociale, inquiet parce qu’Harrison n’a pas fait son rôt, parce qu’Astor boit de la bière, parce que Lumen ne répond pas au téléphone, parce que ci, parce que ça, au point qu’on croirait revoir Tony Danza dans « Madame est servie », sauf que Tony Danza était bien plus méticuleux et aurait semé trois fois moins d‘indices. Bref, Dexter saison 5 détruit méticuleusement tout ce qui a été construit durant les 4 saisons précédentes, le justicier de l’ombre semblant postuler pour une place de conseillère pédagogique au collège Jean Giono.

Alors bien sûr, il y a également ce ronronnement agréable, cette douce musique qui fait qu’on suit ce sabordage sans trop de déplaisir, quand bien même chaque épisode nous amène à avaler un nouveau lot de couleuvres géantes. On se laisse même parfois prendre au jeu du frisson facile, du suspens convenu. Bien sûr on est content de revoir toutes ces trognes sympathiques, de rire des miettes avec Mazuka et d’admirer la présence du grandiose Peter Wellers dans le rôle taillé sur mesure du détective déchu Liddy. On peut aussi fermer les yeux sur les erreurs de casting criantes, comme celle de l’imbittable Lumen (bien peu aidée par une caractérisation fantaisiste), ou de la terriblement fade Sonya. On peut même faire semblant de ne pas remarquer que Michael C Hall porte des perruques alors qu’il respirait jusqu’alors la santé. « On » peut, mais Frank Zito, lui, n’a pas pu…

En bref : Une cinquième saison pathétique, qui déjoue tous les pronostiques en s’imposant comme une caricature de son propre sujet. Et nous de nous demander, à la vue des cheveux de paille dont Dexter est affublé pour masquer la maladie, si quatre saisons de qualité ne méritaient pas l’octroi d’une pause, le temps de digérer le choc, plutôt que de remettre tout ce beau monde au turbin afin d’essorer le jus qu’il restait à tirer de Dexter ? De rêver d’un monde où Show must pas go on ? Toujours est-il que si certains se demandent aujourd’hui si la prochaine saison ne sera pas celle de trop, ils font une cruelle erreur, celle-ci vient d’avoir lieu.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire