Créée par : James Manos Jr
Avec : Michael C. Hall, Jennifer Carpenter, Desmond Harrington
Avec : Michael C. Hall, Jennifer Carpenter, Desmond Harrington
Alors que la saison 4 nous avait laissé sur
les genoux, se clôturant sur l’assassinat de Rita par le Trinity Killer, que
Dexter se retrouvait de-facto père célibataire d’une famille nombreuse, et que
l’on avait appris la triste nouvelle du cancer de Michael C Hall, les
interrogations sur la suite donnée à la série laissaient la porte ouverte à
toutes sortes de suppositions. Et curieusement, c’est la seule à laquelle on
avait pas pensé qui est arrivée : le déclin aussi soudain que radical d’une
série qui semblait pourtant en avoir encore sous la semelle.
Dès le
départ, Dexter s’empêtre dans ses contradictions : peut-il devenir un bon père ?
Est-il fautif de n’avoir su protéger son épouse ? Devra-t-il continuer à tuer
pour vivre ou vivre pour tuer ? Autant de questions révélatrices des doutes qui
affectent les scénaristes de la série, celle-ci partant en vrille dès l’épisode
2, radotant sa narration comme un grabataire un peu gâteux ses récits de guerre.
Dans une sorte de délire non-sensique, Dexter abandonne tout, puis décide de
revenir vivre dans son appartement, Debra s’installant avec Quinn qui soupçonne
Dexter d’être l’assassin de Rita. Quinn qui embauche Liddy, un flic véreux, afin
d’enquêter en sous-marin. Astor et Cody vont eux s’installer chez leurs
grands-parents, Harrison restant seul avec Sonia, une nounou d’enfer qui permet
à Dexter de s’occuper du nouveau tueur en série de Miami tandis que Masuka le
remplace au labo, que le lieutenant Laguerta règle ses problèmes personnels avec
Angel Batista et sa hiérarchie, que Lumen la survivante emménage dans la maison
familiale où Astor fait une fugue, que Debra perd son insigne pour mieux le
retrouver, que Dexter botte le cul d’un parent d’élève, qu’il n’y a plus un,
mais cinq meurtriers etc, etc, etc.
Tirelipimpon sur le chiwawa
Comme toutes les séries ne sachant
plus où elles vont, Dexter part dans tous les sens, joue la carte des
rebondissements faciles, s’encombre de dizaines d’intrigues secondaires,
délaisse la relation des personnages principaux chacun jouant sa partition au
mépris d’une intrigue principale tellement énorme que personne dans le
commissariat ne semble y prêter attention. Et puis de toute façon, Dexter, au
commissariat, il y fout plus les pieds. Il préfère de beaucoup faire n’importe
quoi, niant épisode après épisode sa crédibilité de tueur froid pour lui
préférer celle d’assistante sociale, inquiet parce qu’Harrison n’a pas fait son
rôt, parce qu’Astor boit de la bière, parce que Lumen ne répond pas au
téléphone, parce que ci, parce que ça, au point qu’on croirait revoir Tony Danza
dans « Madame est servie », sauf que Tony Danza était bien plus
méticuleux et
aurait semé trois fois moins d‘indices. Bref, Dexter saison 5 détruit
méticuleusement tout ce qui a été construit durant les 4 saisons précédentes, le
justicier de l’ombre semblant postuler pour une place de conseillère pédagogique
au collège Jean Giono.
Alors bien sûr, il y a également ce ronronnement
agréable, cette douce musique qui fait qu’on suit ce sabordage sans trop de
déplaisir, quand bien même chaque épisode nous amène à avaler un nouveau lot de
couleuvres géantes. On se laisse même parfois prendre au jeu du frisson facile,
du suspens convenu. Bien sûr on est content de revoir toutes ces trognes
sympathiques, de rire des miettes avec Mazuka et d’admirer la présence du
grandiose Peter Wellers dans le rôle taillé sur mesure du détective déchu Liddy.
On peut aussi fermer les yeux sur les erreurs de casting criantes, comme celle
de l’imbittable Lumen (bien peu aidée par une caractérisation fantaisiste), ou
de la terriblement fade Sonya. On peut même faire semblant de ne pas remarquer
que Michael C Hall porte des perruques alors qu’il respirait jusqu’alors la
santé. « On » peut, mais Frank Zito, lui, n’a pas pu…
En bref :
Une cinquième saison pathétique, qui déjoue tous les pronostiques en s’imposant
comme une caricature de son propre sujet. Et nous de nous demander, à la vue des
cheveux de paille dont Dexter est affublé pour masquer la maladie, si quatre
saisons de qualité ne méritaient pas l’octroi d’une pause, le temps de digérer
le choc, plutôt que de remettre tout ce beau monde au turbin afin d’essorer le
jus qu’il restait à tirer de Dexter ? De rêver d’un monde où Show must
pas go on ? Toujours est-il que si certains se demandent aujourd’hui si la
prochaine saison ne sera pas celle de trop, ils font une cruelle erreur,
celle-ci vient d’avoir lieu.
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