Réal : Steven Spielberg
Avec : Jamie Bell, Andy Serkis, Daniel Craig
Après Tintin dans ton Happy Meal,
Peugeot 5008 pour Sydney, Pitch en stock, Total au pays de l’or
noir, Objectif : promo chez Carrefour et les sept boules Obut de
cristal, c’était un peu la soupe à la grimace, chez les Zito. Raz le cul de
Tintin au pays du partenariat version On a marché dans la merde. Pourtant
l’unanimité derrière le film de Spielberg par ce qui se fait
de mieux comme presse en France avait fini par nous donner envie de nous
déplacer quand même. Non pas pour se la jouer puristes qui viendraient maugréer
contre le détournement de l’œuvre originale d’Hergé, mais pour admirer le
masterpiece en Motion Capture du grand Spielberg, dont on vante le génie de
l’Entertainment retrouvé. Armé de cette « technologie qui libère de la
technologie », qu’allait faire l’ancien Golden boy ? Révolutionner le septième
art ? Ou s’enliser plus encore dans l’ordinaire le plus mou ? Rejouer Les
aventuriers de l’arche perdue ou nous importuner avec Le royaume du crâne de
cristal ? Arranger un filet mignon ou purger du boudin ? Et poser toutes ces
questions, ne serait-ce pas déjà y répondre ?
Narration de fête foraine
C’est la tête toute retournée que nous sommes sortis de la salle obscure, d’abord la cause à cette 3D superflue et des lunettes de bigleux qu’elle implique, mais aussi à un degré de perplexité rarement atteint depuis la montée aux nues du terrifiant Titanic. Cette confusion ! La faute à une narration de tunnel, feu de paille qui brûle chaque image pour la remplacer immédiatement par une autre, forte ou pas, spectaculaire ou non, tout est magma, pâté, bouillabaisse trop copieuse qu’on dégueule dans le caniveau afin de se purger les neurones. Grosse fatigue, flonflon sonore, impression désagréable de fête foraine, tous les poncifs du genre sont là, bien présents. L’originalité est qu’ils côtoient également un certain plaisir, une beauté formelle parfois époustouflante, dont on aurait aimé qu’elle prenne plus le temps. Mais du temps, Tintin n’en a pas, il avance sans se retourner, saute d’histoire en histoire, mille saborde certaines scènes originelles dans sa course effrénée, à l'image du fabuleux delirium tremens d’Haddock qui se remémore son illustre ancêtre ici dévalué, pour inventer certaines situation pertinentes, la Castafiore utilisée pour libérer la troisième licorne de son écrin pare balle. Les séquences s’enchaînent si vite qu’on a la désagréable impression qu’elles se superposent. La cuisine est riche, et pas toujours de bon goût. On est tout de même plus près de Disneyland que de Hergé, quand bien même l’hommage réserve de belles surprises.
Narration de fête foraine
C’est la tête toute retournée que nous sommes sortis de la salle obscure, d’abord la cause à cette 3D superflue et des lunettes de bigleux qu’elle implique, mais aussi à un degré de perplexité rarement atteint depuis la montée aux nues du terrifiant Titanic. Cette confusion ! La faute à une narration de tunnel, feu de paille qui brûle chaque image pour la remplacer immédiatement par une autre, forte ou pas, spectaculaire ou non, tout est magma, pâté, bouillabaisse trop copieuse qu’on dégueule dans le caniveau afin de se purger les neurones. Grosse fatigue, flonflon sonore, impression désagréable de fête foraine, tous les poncifs du genre sont là, bien présents. L’originalité est qu’ils côtoient également un certain plaisir, une beauté formelle parfois époustouflante, dont on aurait aimé qu’elle prenne plus le temps. Mais du temps, Tintin n’en a pas, il avance sans se retourner, saute d’histoire en histoire, mille saborde certaines scènes originelles dans sa course effrénée, à l'image du fabuleux delirium tremens d’Haddock qui se remémore son illustre ancêtre ici dévalué, pour inventer certaines situation pertinentes, la Castafiore utilisée pour libérer la troisième licorne de son écrin pare balle. Les séquences s’enchaînent si vite qu’on a la désagréable impression qu’elles se superposent. La cuisine est riche, et pas toujours de bon goût. On est tout de même plus près de Disneyland que de Hergé, quand bien même l’hommage réserve de belles surprises.
Pourtant rien à dire au niveau de la mise en forme des personnages. Différent de ceux d’Hergé, ils n’indisposent pas, même si Tintin a un strabisme qui, lorsqu’il pense, lui donne un air de demeuré et que Saccarine, devenu Rackham Le Rouge à la grâce d’une passerelle narrative trans-album, fait un bad guy bien contemporain, qui rappelle plus le Docteur No que Rastapopoulos. Bref, c’est un gloubiboulga régressif assumé qui ne viole tout de même pas le matériaux d’origine au point de le laisser exsangue. Mais si la mode est à mettre en valeur la motion capture, à en ériger doctement la révolution qu’elle implique (voir pour cela le superbe article de Rafik Djoumi dans arrêt sur image (lien payant), la plus value technique ne saute pas aussi évidemment aux yeux que cela.
Révolutionnaire ou blockbustaire ?
Sûr que cette révolution technologique est un sujet passionnant, et très bien défendu par des journalistes passionnés, mais même si nous ne doutons pas de la mutation à venir, Tintin nous rappelle qu’on en est encore à ses balbutiements, tant l'innovation ne saute pas aux yeux. Et ce n’est pas la volonté chevillée au corps d’avoir tout compris avant tout le monde qui brûle certains de ces geeks du cinéma particulièrement informés et compétents, qui y changera quoi que ce soit : la motion capture utilisée par Spielberg reste encore un gadget surcoté, qui fait le pont entre la cinématique de jeu vidéo et le cinéma, mais n’apporte rien ou si peu en terme de spectacle, que ne pourrait apporter l’animation ou le live. L’hybride, avec le secret de la Licorne, n’a pas encore trouvé sa valeur étalon.
Reste que certaines performances d’acteurs sont exemplaires, comme celle de Haddock par le pionnier Andy Serkis, là où d’autres restent empruntées et disgracieuses, Nick Frost et Simon Pegg à côté de la plaque dans le rôle des Dupont et Dupond. Pas assez intéressant pour damer le pion à l’animation traditionnelle, pas assez précis pour ne pas donner une impression théâtrale grossière, on ne peut pas dire que la révolution se trouve dans l’acting, à peine à la hauteur de l’enjeu. Et en ce qui concerne la réalisation, difficile de crier au génie. Oui, la caméra est libre de tout mouvement et la suite de scènes d’action spectaculaire. Mais au delà de l'enjeu technique, tout cela est-il mémorable ? En parlera-t-on dans les années à venir, trouvera-t-on cette surenchère vraiment novatrice, ou plus proche de l’accumulation de spectacle, type Michael Bay, un peu vaine. Accumulation qui étouffe l’histoire au point de la rendre aussi superflue que secondaire. Tout est mouvement dans Tintin, mais quid de la caractérisation des personnages ? Bref, loin d’être le monument annoncé, Tintin démêle le Secret de la Licorne dans l’indifférence générale, et laisse au spectateur le goût plaisant ou amer d’un grand huit furieux et un peu foireux.
En bref : Grosse déception pour le secret de la Licorne qui fatigue plus qu’il n’emballe, et laisse perplexe quand à son caractère révolutionnaire. Non, la motion capture n’a pas encore trouvé son mentor, pas plus que nous n’avons retrouvé le Spielberg de notre jeunesse. Reste des moments d’une grande fulgurance, mais pris dans la montagne russe d’une narration hystérique qui brûle tout sur son passage, ils se noient avec l’histoire dans une gesticulation permanente très éloignée de l'esprit d'enquête du petit reporter. Ne reste de tout cela qu’une impression assez distanciée et superficielle, propres aux blockbusters traditionnels. Un comble pour un procédé révolutionnaire. Éreintant.