Réalisation : Larry Fessenden
Avec : James Le Gros, Ron Perlman, Connie Britton
Année : 2006
Plutôt que se ruer vers le remake/préquelle/quenelle de The Thing, dont on se fout
comme de notre dernière chemise, nous avons préféré nous tourner vers The Last Winter, bobine
réputée efficace, dans laquelle on suit une équipe de scientifiques isolée en
Alaska basculer dans l’étrange, aux prises d’une force indicible. Sûr, toute
ressemblance avec The thing est évidement fortuite, pourtant cela
incommode moins que le remake fadasse, cet objet commercial chargé de siphonner
les spectateurs sur la base d’un name dropping ridicule, et qui finit le plus
souvent par donner un produit qui dévalue définitivement l’original.
Entre la référence et le remake gluant type The fog ou
Freddy, il restera toujours un pas, qu’on pourrait qualifier de
créatif, et c’est-ce pas qui rend ici le projet de Larry Fessenden séduisant.
Car si The last Winter avait été un simple remake, on se serait coltiné
les mêmes personnages suivre les mêmes dédales d’une histoire connue, dans une
sorte de jeux des sept erreurs où le seul perdant est toujours le spectateur qui
passe son temps à regretter l’original. Alors que Larry Fessenden, s’il marche
dans les pas de Big John, profite de la correspondance entre son The Last
Winter et The Thing pour jouer d’un décalage presque poétique qui
n’handicape jamais le métrage. L’équipe est la même à quelques détails près, le
décor semblable au point de paraître identique, mais l’histoire dérive, vogue de
ses propres ailes, se démarque nettement de l’agressivité primale de La
Chose pour finir elle aussi par sonder au plus profond, les failles de
l’être humain.
Intelligemment, Fessenden se laisse le temps, n’excite pas artificiellement
son métrage, joue à fond de l’unité de lieu, de l’isolement, de la
claustrophobie ambiante. Sourde, l’hostilité de la région et du climat, imprègne
patiemment la pellicule, s’impose aux hommes comme aux baraquements qui semblent
de bien pâles remparts face à cette étendue neigeuse infinie vue comme une
énergie primitive. De cette ligne de force visuelle, le réalisateur tire une
allégorie écologique aussi vibrante que rudimentaire, à l’efficacité redoutable.
Empêtrés dans les contradictions humaines les plus contemporaines, qui voient la
nature opposée à la finance dans un bras de fer désuet, les personnages ne sont
que des marionnettes qui s’ébrouent dans une histoire qui les dépasse, une
histoire ancestrale qui fut leur berceau et sera leur tombe. Inexorablement, la
nature reprend ses droits, balaye le campement comme le loup la maison des trois
petits cochons, refuse aux hommes toute rédemption. Reprend tout simplement ses
droits.
En bref : Son minimalisme magique, ses acteurs au cordeau
(dont un Ron Pearlman en roue libre bien plus pathétique et crédible que dans le
rôle grotesque du patriarche de Sons of Anarchy) sa musique planante et
sa mise en images somptueuse sont parfaitement adaptés à son propos simpliste
mais pas simplet, The Last Winter sort du lot commun et nous fascine même grâce
à une réalisation élégante et inspirée, un discours offensif et une poésie
brutale. Du lourd en apesanteur à découvrir d’urgence.
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