Réalisateur : Luc Besson
Avec : Louise Bourgoin, Gilles Lellouche, Mathieu Amalric
Le dernier Combat, Subway, Le grand bleu, Nikita, Léon, le cinquième
élément, Jeanne d’arc, Angel-A, Arthur et les Minimoys, la vengeance de
Maltazard, Adèle Blanc-Sec, la filmographie de Luc Besson (et l’on vous
passe ses productions douteuses) ressemble à un graphique de déclinologue, de
ceux qui pourraient illustrer les cours de la bourse en période de crise ou la
carrière de Christophe Lambert. Car le débonnaire réalisateur ne déçoit jamais,
faisant toujours pire que le coup précédent. Démonstration ici, avec un Adèle
Blanc-Sec qui met la barre très haut dans la médiocrité…
Dix ans pour avoir l’accord de Tardi et lui soutirer ses droits aux forceps.
Tardi, le dessinateur à la plume magnifique, à la poésie singulière et la
qualité d’écriture hors norme. Jacques Tardi donc qui a effectivement dû se
régaler les papilles en savourant le passage de son œuvre au sanibroyeur
industriel d’EuropaCorp Distribution. Bon prince, l’ami Besson n’a pas lésiné
sur les promesses, même si le résultat a dû laisser Tardi dubitatif : laid,
vulgaire et lourdingue, Besson a « revisité » avec tout son coeur son Adèle
Blanc-Sec, tout à sa mise en scène quand son épouse le déchargeait des
problèmes de production. Et l’on s’en félicite.
Lourdeur cocardière et diarrhée sonore
CGI aux rabais, sans aucun ticket, décors digitaux de toute laideur,
direction d’acteurs au sommet, avec une mention toute particulière pour Gilles
Lelouche qui campe un Inspecteur Caponi en roue libre, avec grandes oreilles,
moustache postiche et double menton en latex (ou pas) il livre sous l’œil
malicieux d’une caméra complice, l’une des pires performances d’acteur qu’il
nous ait été donné de savourer ces dernières années. Cette prouesse est bien sûr
soutenue par un casting tout en nuance, dans lequel on pourra également saluer
les efforts de Jean-Paul Rouve pour être au niveau ainsi qu’un Mathieu Almaric à
chier par terre, mais qui échappe aux tomates pourries à la grâce d’un
maquillage à la truelle assez subtil qui le rend méconnaissable.
Particulièrement décomplexé, notre ami Luc s’est donc approprié à prix d’or
les droits de Tardi pour en faire du plomb, et ça marche ! Accordéon,
barbichettes et haut de forme, voix off qui lorgne ostensiblement du côté
d’Amélie Poulain, textes Djamélisés du plus mauvais effet, Punshlines moisies,
humour de comiques télévisuel à obédience Canal+, mâtiné de lourdeur cocardière
estampillée Patrick Sébastien, on croirait voir Astérix et Obélix là où Besson
espérait rejouer Indiana Jones. A la hauteur, la bande son nous permet
d’entendre agoniser Eric Serra dont on se rappelle qu’il a su un jour écrire de
la musique, avant de se spécialiser dans la diarrhée sonore.
En bref : Luc
Besson, enfermé dans un mépris absolu pour son public qu’il imagine encore plus
con qu’il ne l’est, signe un film déshonorant qui, comme Kiss cool, a un double
effet : celui de sa nullité propre combiné à l’insulte pour son matériau
d’origine. Seule Louise Bourgouin réussit à ne pas couler avec l’embarcation
pourrie d’EuropaCorps, remarquable quand des plus chevronnées qu’elle, et l’on
pense ici à Gilles Lelouch, paix à son âme, sombrent corps et âme dans les
profondeurs du septième art. De fait, pris par n’importe quel bout, Adèle
Blanc-Sec fait pitié, et l’on finit par penser que l’enfer ne doit pas être
pavé de bonnes intentions, mais carrelé avec la filmographie discount de Luc
Besson. Une purge…
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