mardi 24 avril 2012

Mauvaise humeur : Adèle Blanc-Sec


Réalisateur : Luc Besson

Avec : Louise Bourgoin, Gilles Lellouche, Mathieu Amalric

Le dernier Combat, Subway, Le grand bleu, Nikita, Léon, le cinquième élément, Jeanne d’arc, Angel-A, Arthur et les Minimoys, la vengeance de Maltazard, Adèle Blanc-Sec, la filmographie de Luc Besson (et l’on vous passe ses productions douteuses) ressemble à un graphique de déclinologue, de ceux qui pourraient illustrer les cours de la bourse en période de crise ou la carrière de Christophe Lambert. Car le débonnaire réalisateur ne déçoit jamais, faisant toujours pire que le coup précédent. Démonstration ici, avec un Adèle Blanc-Sec qui met la barre très haut dans la médiocrité…

Dix ans pour avoir l’accord de Tardi et lui soutirer ses droits aux forceps. Tardi, le dessinateur à la plume magnifique, à la poésie singulière et la qualité d’écriture hors norme. Jacques Tardi donc qui a effectivement dû se régaler les papilles en savourant le passage de son œuvre au sanibroyeur industriel d’EuropaCorp Distribution. Bon prince, l’ami Besson n’a pas lésiné sur les promesses, même si le résultat a dû laisser Tardi dubitatif : laid, vulgaire et lourdingue, Besson a « revisité » avec tout son coeur son Adèle Blanc-Sec, tout à sa mise en scène quand son épouse le déchargeait des problèmes de production. Et l’on s’en félicite.

Lourdeur cocardière et diarrhée sonore

CGI aux rabais, sans aucun ticket, décors digitaux de toute laideur, direction d’acteurs au sommet, avec une mention toute particulière pour Gilles Lelouche qui campe un Inspecteur Caponi en roue libre, avec grandes oreilles, moustache postiche et double menton en latex (ou pas) il livre sous l’œil malicieux d’une caméra complice, l’une des pires performances d’acteur qu’il nous ait été donné de savourer ces dernières années. Cette prouesse est bien sûr soutenue par un casting tout en nuance, dans lequel on pourra également saluer les efforts de Jean-Paul Rouve pour être au niveau ainsi qu’un Mathieu Almaric à chier par terre, mais qui échappe aux tomates pourries à la grâce d’un maquillage à la truelle assez subtil qui le rend méconnaissable.

Particulièrement décomplexé, notre ami Luc s’est donc approprié à prix d’or les droits de Tardi pour en faire du plomb, et ça marche ! Accordéon, barbichettes et haut de forme, voix off qui lorgne ostensiblement du côté d’Amélie Poulain, textes Djamélisés du plus mauvais effet, Punshlines moisies, humour de comiques télévisuel à obédience Canal+, mâtiné de lourdeur cocardière estampillée Patrick Sébastien, on croirait voir Astérix et Obélix là où Besson espérait rejouer Indiana Jones. A la hauteur, la bande son nous permet d’entendre agoniser Eric Serra dont on se rappelle qu’il a su un jour écrire de la musique, avant de se spécialiser dans la diarrhée sonore.

En bref : Luc Besson, enfermé dans un mépris absolu pour son public qu’il imagine encore plus con qu’il ne l’est, signe un film déshonorant qui, comme Kiss cool, a un double effet : celui de sa nullité propre combiné à l’insulte pour son matériau d’origine. Seule Louise Bourgouin réussit à ne pas couler avec l’embarcation pourrie d’EuropaCorps, remarquable quand des plus chevronnées qu’elle, et l’on pense ici à Gilles Lelouch, paix à son âme, sombrent corps et âme dans les profondeurs du septième art. De fait, pris par n’importe quel bout, Adèle Blanc-Sec fait pitié, et l’on finit par penser que l’enfer ne doit pas être pavé de bonnes intentions, mais carrelé avec la filmographie discount de Luc Besson. Une purge…


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