Le rachat d’une platine à l’heure où les vinyles semblent reprendre du poil de la bête (tout cela grâce à une industrie musicale aux abois, prête à réinvestir dans les gramophones et les mange-disques si un marché se présente ) a rendu Frank nostalgique…
C’est que ses vieilles galettes, rangées depuis des années en colonnes poussiéreuses, avaient fini par disparaître de son existence. Leurs rares contacts, en l’absence de chaîne stéréo, ne réveillaient même plus les souvenirs émerveillés de leurs achats. De cette époque où l’on allait chez le disquaire du quartier dépenser ses francs misérablement économisés sur un argent de poche immérité. Pire, le temps passant, revenir à ces redoutables années métal sur des supports dématérialisés avait comme désenchanté ces sons jadis magiques. AC/DC, Maiden, Motorhead, Priest, Anthrax, Testament, j’en passe et des Megadeth semblaient avoir définitivement perdu leur mordant. Sans râtelier, ils s’étaient liquéfiés en une bouillie d’ambiance Heavy compassée sur disque dur, aussi inodore, indolore et indigeste qu’un régime sans sel.
En slip, les doigts levés vers le ciel, un rictus mauvais sur le visage, et même s’il se rend bien compte qu’il ressemble plus à Demis Roussos secoué par une indigestion plutôt qu’au metalleux agressif qu’il fut, Zito va donc vous faire partager une vérité connue de tous il y a vingt cinq ans et dont il ne sait pas si elle a passé le millénaire. Cette vérité velue, c’est qu’à l’image d’AC/DC et sa période Bon Scott, Iron Maiden a existé avant de devenir le barnum médiéval qu’il est devenu. Et à le réécouter, Zito peut vous dire que quand même, Maiden, c’était mieux avant…
Urbain et glauque avant d'être médiévalo-toc
Il n’y a qu’à regarder Eddy « The Head ». Les pochettes des deux premiers albums, jusqu’à celles des maxis sortis à l’époque, respirent l’urgence, la brutalité, la violence même. Urbain, glauque, Eddy rôde dans les faubourg de Londres, prêt à saigner le premier bourgeois qui passe. Ca pue la révolte sociale, la haine du pouvoir en place. Eddy arrache un poster de Thatcher. Pour sûr s’il le pouvait, il lui ferait sa fête, à la rombière qui met alors le peuple à genoux. La musique est au diapason de cette révolte, brutale, sans fard aucun, elle accroche les oreilles d’une manière assez particulière, qui n’est pas celle du Maiden d’aujourd’hui. Habitée par quelque chose de pressant, d’efficace, d’enragé.
Zito l’apprécie. Mais quand même, loin du compte médiévalo-toc qui ne peut plaire qu’aux initiés, dans un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître, se nichent deux pépites farcies de standards monstres, pleines d’une intensité tourmentée, qui voulait tout renverser sur son passage. Et de redécouvrir que, comme Zito, la Vierge de fer a eu une jeunesse. Et Maiden, avec les dents, c’était quand même quelque chose…
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