Réalisateurs : Julien Maury, Alexandre Bustillo
Avec : Chloé Coulloud, Félix Moati, Jérémy Kapone
Année : 2011
Julien Maury et Alexandre Bustillo, anciens rédacteurs de Mad Movies, nous avaient laissés sur notre faim avec leur précédent film, un A l’intérieur sale, méchant et parfois con comme la lune. Sanglant, noir jusqu’au bout des ongles, ils avaient pourtant su développer une ambiance étouffante, assez éloignée des standards hexagonaux de l’époque. Sans tomber dans les travers insupportables du film de fan boy, très proche des standards hexagonaux de l’époque... Bref, il y avait quelques raisons d’avoir envie de suivre le travail de ce duo généreux, plein de promesses, mais qui ne maîtrisait pas totalement son sujet, A l’intérieur laissant au final un arrière goût de work in progress radical et sanguinolent.
Mauvaise nouvelle, les deux réalisateurs ne transforment pas l’essai. Plus beau, plus chiadé, plus mainstream aussi, Livide conserve beaucoup des défauts d’A l’intérieur. Une fois de plus Bustillo et Maury peinent à maintenir la tension sur la longueur du métrage. Leur film de vampires se vit comme une succession de plans d’une rare beauté au liant trop faible. D’abord la faute à une direction d’acteurs perfectible. Les dialogues, assez quelconques et pourtant très écrits, sonnent mal dans la bouche d’interprètes qui, à l’exception notable de l’excellente Catherine Jacob, n’arrivent pas à sublimer des personnages mal dessinés. Ils finissent par donner une impression accessoire, celle d’exister dans l’unique but de nous faire visiter les décors à la féerie baroque du film. A l’image de ces jeux vidéo dont vous êtes le héros, on passe d’une salle l’autre pour découvrir des animaux empaillés, un cadavre utilisé comme boîte à musique, des poupées de porcelaines vintage. Prêt à donner deux euros pour le guide, Zito se rappelle in extrémis que l’on se fout comme d’une guigne de ce qu’il va bien pouvoir lui arriver.
En bref : Livide, malgré des qualités indéniable, déçoit un peu. D’autant que, débarrassé d’une esthétique un peu trop Hellfest et d’un scénario-valise qui à trop vouloir embrasser étreint mal, le film avait le potentiel de frapper fort. Hélas, comme pour A l’intérieur, Bustillo et Maury peinent encore à domestiquer leurs qualités visuelles au dessus de la moyenne, le film se vivant comme une expérience à courant alternatif, passant du visuellement époustouflant aux séquences fades, indignes de leur talent. Finalement, l’ambiance ne prend pas, et le soufflé fait un peu pschitt. Les deux hommes confirment tout de même leur originalité, cette capacité à échapper du corset de la vraisemblance pour basculer dans un onirisme très personnel, à la noirceur de ton et au premier degré qui rappelle parfois le poète du macabre. A suivre avec attention.
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