Première pour les Zito au Poste à Galène, salle marseillaise à la programmation démentielle si l’on se réfère au quotient notoriété/mètre carré. La taille d’un loft pour des concerts Maousse. Chapeau les artistes ! Pourtant, même petit, le poste à galène n’est pas étouffant. L’ambiance étudiante reste bon enfant, l’accueil chaleureux. Une vraie bonne adresse à la réputation pas usurpée. D’autant que l’affiche de la soirée faisait le plein, avec plus de deux cents personnes qui se pressaient pour entendre les Belges Balthazar défendre leur album à venir. Un groupe adoubé en France par les Inrocks, et accessoirement, parvenu tardivement aux oreilles de Frank par les voies impénétrables du téléphone arabe.
So?Mash! : à tes souhaits…
Et c’est là que So?Mash! bat un peu de l’aile. Mash Puppit, à l’anglais impeccable, crache un flow techniquement parfait avec un visage totalement inexpressif. Trop concentrée, elle est physiquement un peu en dedans. La faute pourrait-on croire à une salle qu’elle n’imaginait pas pleine comme un œuf. Les titres passent, le public joue le jeu, mais la jeune fille semble ne pas arriver à se libérer. Leur répertoire solide, qui rappelle autant M.I.A. que les Naive New Beaters, s’avère en contradiction avec un jeu de scène trop sommaire. So?Mash? dans sa volonté de bien faire, n’investira jamais vraiment la scène. Pourtant l’énergie positive est là, le Poste à Galène n’attendant qu’à être renversé, mais l’on se contentera d’être techniquement bluffé par ces deux lascars qui doivent comprendre que leur hip hop électro réclame une incarnation à la démesure de leur pseudo. Prendre la foule à son compte, se lâcher autant que leurs compositions, et ils seront alors littéralement à tomber par terre. Gros avenir en perspective, si tant est qu’ils apprennent à se transcender.
Comme un roi mage en Galilée
Durant un set riche en titres, on verra passer les fantômes d’Okkervil River pour ce qu’ils font de mieux croiser le fer avec les Arctic Monkeys et les Spinto band, auquel Balthazar fait beaucoup penser. La même justesse, la même évidence, la même folie douce mais en moins brouillon, plus canalisé, bref, plus prometteurs aux oreilles de Zito. Maîtres du changement d’ambiance, Balthazar alterne les univers avec un sens de l’épique particulièrement rodé. Chorus démentiels, cris rageurs et cymbales déchirées clôturent des titres qui révèlent leur richesse émotionnelle sur la longueur. Ebouriffant. Un seul regret, la fin de ce concert monstrueux, furieux et magique, au rappel soudain plus fade, comme si toute l’énergie qui avait précédé suffisait. Le rappel, quand il est un passage obligé, prend souvent cette tournure, le cordon ombilical qui vous relie au groupe ayant été coupé, on se retrouve un ton en dessous pour finir sur un étrange goût de trop peu, quand on se sentait rassasié deux chansons plus tôt. Rien de bien grave, les Flamands, en nous faisant découvrir une grosse partie de leur album à venir, s’annoncent incontournables. Magnifique.
Sur les trottoirs encombrés d’encombrants de Marseille, balayés par le vent et le froid, les Zitos comme toujours savent qu’ils auront beaucoup de route à faire pour rentrer dans leur trou, mais sans rancune, ce soir le jeu en valait vraiment la chandelle.
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