vendredi 20 avril 2012

Concert : So?Mash! + Balthazar


Première pour les Zito au Poste à Galène, salle marseillaise à la programmation démentielle si l’on se réfère au quotient notoriété/mètre carré. La taille d’un loft pour des concerts Maousse. Chapeau les artistes ! Pourtant, même petit, le poste à galène n’est pas étouffant. L’ambiance étudiante reste bon enfant, l’accueil chaleureux. Une vraie bonne adresse à la réputation pas usurpée. D’autant que l’affiche de la soirée faisait le plein, avec plus de deux cents personnes qui se pressaient pour entendre les Belges Balthazar défendre leur album à venir. Un groupe adoubé en France par les Inrocks, et accessoirement, parvenu tardivement aux oreilles de Frank par les voies impénétrables du téléphone arabe.

So?Mash! : à tes souhaits…

Pas le temps de finir sa Bécasse cerise, elle aussi brassée en Belgique, que la première partie s’avance. So?Mash!, donc, duo électro soul dont nous apprendrons qu’il est local. Et la confirmation que la soirée s’annonce sous de bons auspices. Beats agressifs, chant suave et puissant, compositions complexes et accrocheuses, So?Mash! Envoie du bois. Quasiment un sans faute, avec beaucoup (trop?) de sons préenregistrés soutenus par un multi-instrumentiste plutôt sympathique qui passe de son synthétiseur à sa batterie électronique avec un enthousiasme emprunté assez communicatif. Sorhum. C’est son nom de scène. Mash Puppit celui de la chanteuse. So?Mash! Le nom du groupe. Le genre de couple à appeler leur rejeton Génilyn ou Lyrix. Un côté bad-ass sympa pour des pseudos de chevaux de courses, plus dur à assumer quand on a l’air de sortir de la chambre de ses parents.

Et c’est là que So?Mash! bat un peu de l’aile. Mash Puppit, à l’anglais impeccable, crache un flow techniquement parfait avec un visage totalement inexpressif. Trop concentrée, elle est physiquement un peu en dedans. La faute pourrait-on croire à une salle qu’elle n’imaginait pas pleine comme un œuf. Les titres passent, le public joue le jeu, mais la jeune fille semble ne pas arriver à se libérer. Leur répertoire solide, qui rappelle autant M.I.A. que les Naive New Beaters, s’avère en contradiction avec un jeu de scène trop sommaire. So?Mash? dans sa volonté de bien faire, n’investira jamais vraiment la scène. Pourtant l’énergie positive est là, le Poste à Galène n’attendant qu’à être renversé, mais l’on se contentera d’être techniquement bluffé par ces deux lascars qui doivent comprendre que leur hip hop électro réclame une incarnation à la démesure de leur pseudo. Prendre la foule à son compte, se lâcher autant que leurs compositions, et ils seront alors littéralement à tomber par terre. Gros avenir en perspective, si tant est qu’ils apprennent à se transcender.

Comme un roi mage en Galilée

La bonne humeur reste de mise durant la pause. La salle respire l’humanité. Pas du genre à se regarder la couture du pantalon et se réajuster la mise en pli, non, du vrai amateur, du bigarré, de la belle âme. Un plaisir de nager dans des eaux au final plus rares qu’on ne le croirait. Et quoi de mieux que ce groupe belge armé de pop-songs quasi parfaites pour mettre le feu à un Poste à Galène soudain surchauffé. Balthazar, au diapason de la soirée, se présente décontracté, mais attaque fort dès le départ. Le mur de musiciens, qui cache un batteur en mode Rain-Man emmuré dans sa rythmique, en jette, c’est sûr. Jeunes, classes, brillants, Balthazar vit. Et vit très bien même. Les couches vocales se superposent dans des compositions légères sans être faciles. Tout semble naturel dans le déroulement d’un concert parfaitement maitrisé.

Durant un set riche en titres, on verra passer les fantômes d’Okkervil River pour ce qu’ils font de mieux croiser le fer avec les Arctic Monkeys et les Spinto band, auquel Balthazar fait beaucoup penser. La même justesse, la même évidence, la même folie douce mais en moins brouillon, plus canalisé, bref, plus prometteurs aux oreilles de Zito. Maîtres du changement d’ambiance, Balthazar alterne les univers avec un sens de l’épique particulièrement rodé. Chorus démentiels, cris rageurs et cymbales déchirées clôturent des titres qui révèlent leur richesse émotionnelle sur la longueur. Ebouriffant. Un seul regret, la fin de ce concert monstrueux, furieux et magique, au rappel soudain plus fade, comme si toute l’énergie qui avait précédé suffisait. Le rappel, quand il est un passage obligé, prend souvent cette tournure, le cordon ombilical qui vous relie au groupe ayant été coupé, on se retrouve un ton en dessous pour finir sur un étrange goût de trop peu, quand on se sentait rassasié deux chansons plus tôt. Rien de bien grave, les Flamands, en nous faisant découvrir une grosse partie de leur album à venir, s’annoncent incontournables. Magnifique.

Sur les trottoirs encombrés d’encombrants de Marseille, balayés par le vent et le froid, les Zitos comme toujours savent qu’ils auront beaucoup de route à faire pour rentrer dans leur trou, mais sans rancune, ce soir le jeu en valait vraiment la chandelle.


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