mercredi 18 avril 2012

Contre-courant : Debout les morts


De : Fred Vargas


Bon, inutile de tortiller du cul pour chier droit, Fank Zito n’aime pas l’œuvre de Fred Vargas. Son univers, ses personnages, ses mots, rien n’arrive à exciter son cœur de pierre. L’ennui frappe dès qu’il ouvre un de ses romans. Total. Absolu. Pourtant, en un dimanche pluvieux, et alors qu’il était bloqué à l’hôpital, dans un Relay qui proposait un linéaire des meilleures ventes, il y est retourné…

Isolé entre les mémoires de Jaques Chirac et les régimes Dukan, Debout les Morts tenait la place du dernier né de la reine du polar, L‘armée Furieuse. En rupture. Pas grave, il s’en empara sans enthousiasme. Deux raisons à cela. D’abord parce qu’il y a chez Zito une forme d’incrédulité à ne pas réussir à aimer une auteur de polar dotée d’une si bonne réputation. Ensuite parce que Debout les morts tient en moins de 300 pages là où L’armée furieuse en fait 430. Toujours ça de gagné, s'était-il dit en souriant tristement.

Grave erreur, car les 285 pages se sont avérées un calvaire intersidéral. Tout ce qui, chez Vargas, l’avait déjà indisposé se retrouvait dans Debout les morts. D’abord une intrigue bancale, capilotractée et mal tenue. De mauvaise augure pour la suite. En effet, cette histoire de Cantatrice qui découvre un arbre qu’elle ne connait pas dans son jardin sonne con dès la page dix. Horreur : il reste 275 pages à se farcir. Même pas peur, se dit Zito. Il aurait dû, car la suite avait tout du film d’épouvante.

Parti sur les chapeaux de roue n’importe comment, Vargas nous fait alors faire la connaissance des héros de son polar, trois étudiants en histoire qu’accompagne un vieux flic à la retraite forcée. Ces quatre calamiteux arrivent à louer une baraque (pourrie) à côté de la cantatrice. Vargas, à la peine, décide de nous la jouer BD. Chaque étage de la maison est habité par l’un des protagonistes, selon la période historique étudiée. De l’archéologue Mathias, au spécialiste de la Grande Guerre, surplombé par le vieux qui vit au présent. Dès lors pas une phrase ne sera prononcée normalement. Les « évangélistes », c’est leur surnom, parlent comme dans un jeu de rôle d’ado qui ont trop poussé sur la fumette. L’un se trimbale torse-poil avec une corde pour toute ceinture, l’autre porte de grosses bagouzes médiévales quand le dernier ne parle que de tranchée. Les métaphores les plus calamiteuses pleuvent. La redondance est de la partie. Relou.

Et ce ne sont pas les relations improbables entres les personnages qui arrangent la sauce. Du grand n’importe quoi du début à la fin, à ne pas en croire ses yeux. Excessif, soi-disant déjanté, tout sonne atrocement faux tandis que l’enquête piétine. L’idée, qui semblait être de faire du Tardi sans la justesse de trait du dessinateur, vire au cauchemar à grand renfort de références ringardes. Si les héros, censés être brillants, sont ridicules, vous n’imaginez même pas ce que l’on ressent quand Vargas se décide à croquer un personnage falot. De fait, elle en fait trop à chaque ligne, provoquant une gêne palpable dans la lecture. Eprouvant.

En bref : Fred Vargas a des tics que Zito juge indépassables, voir embarrassants. Si les auteurs de polars se font souvent de grand témoins de leur époque, la mère Vargas, elle, déroule un univers qui sent le renfermé et la production France Télévision. Coincé à l’hôpital, Zito aurait encore préféré se faire poser un anus artificiel qu’avoir à côtoyer « Saint Luc » « Saint Marc » « Saint Mathieu » et « Vandoosler le vieux ». Hélas, il n’aura pas eu ce bonheur.

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