Réalisation : David Cronenberg
Avec : Peter Weller, Ian Holm, Judy Davis
Année : 1991 Durée : 1h55 Pays : GB, Canada, Japon
Bill Lee, écrivain recyclé dans l’extermination de cafards, se retrouve embrigadé pour une mission secrète autant qu’étrange après avoir accidentellement abattu sa compagne lors d’un jeu d’adresse malencontreux.
Cronenberg, alors pape de la nouvelle chair, qui adapte le roman halluciné de Burroughs, voilà qui avait de quoi faire saliver. D’autant que le rôle principal incombait à Peter Weller, parfait dans la peau de cet écrivain drogué qui pose son regard mi-désabusé mi-angoissé sur cette aventure aussi décalée que mystérieuse. L’ambiance du film est glauque, empreinte de sous entendus homosexuels et fétichistes que soulignent avec force la dépravation d’un environnement aux teintent pisseuses. Les effets spéciaux, époustouflants, complètent avec bonheur une galerie de mutations spectaculaires. Chris Wallas s’en donne à cœur joie, rendant crédible des machines à écrire vaginales, des cafards qui taillent le bout de gras à l’aide d’un anus dorsal, des centipèdes géants dégoulinants de drogue spermatique. Tout est bon dans le festin nu, parfait même...
Et c’est sur ce point que le film se rate un peu, par ce parti pris littéraire au rendu très classique, voire figé, que souligne un free jazz de club enfumé, référence aux très sages films noirs des années cinquante, qui jure un peu avec le propos. Les affres de la création délirantes et subversives de Burroughs donnent l’impression d’être mises en boîte. Chaque déplacement paraît millimétré. Les déclamations ont des accents de théâtre art et essai. Jusqu’aux décors sublimes et à la reconstitution d’une médina fantasmée qui finissent par mettre une distance et désamorce l’enfer et l’urgence que l’on retrouvait dans l’ouvrage. Dommage...
En bref : Burroughs, même dilué dans un bocal de formol comme le Festin nu, se distingue assez largement du tout venant. Et le film qu’en a tiré Cronenberg, s’il n’est pas à la hauteur des espérances, reste une bobine d’une étrange beauté à qui il ne manque qu’un chouia de folie pure pour être le trip hallucinatoire total qu’on attendait. Très recommandable quand même.
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