Réalisation : Alain Della Negra, Kaori Kinoshita
Avec : Patrick Teal, Benjamin L. Faust, Jennifer R. Faust
Année : 2009 Durée : 1h19 Pays : France VO : Anglais
Documentaire : The cat, the reverand and the slave.
Quelle relation entretient un résident de Second Life avec son avatar ? L’univers virtuel est-il un jeu ou une extension de la réalité ? Un lieu où assouvir ses fantasmes ou un réseau social ? C’est à ces questions, et beaucoup d’autres, que le documentaire d’Alain Della Negra et Kaori Kinoshita tente de répondre, les deux réalisateurs mettant en scène leur traversée de l’Amérique d’Est en Ouest, avec trois principaux protagonistes comme points d’appui, chacun représentatif d’une communauté emblématique de Second Life : les pasteurs évangélistes, les furies, qui développent une passion pour les animaux anthropomorphes, et les goréens, qui vivent selon des règles de domination très strictes…
Une réflexion sur la porosité entre les 2 existences
Sous forme de road movie initiatique, The Cat, the reverend and the slave part donc de ce postulat de départ passionnant : travailler la porosité qui peut exister entre l’existence réelle et celle de de son avatar. Espaces virtuels, maisons fantasmées ou liaisons par claviers interposés, le documentaire explore le quotidien de résidents et nous donne à suivre des conversations déconceptualisées qui donnent le vertige tant il est impossible de savoir si le sujet parle de son avatar ou de lui-même, si l’enterrement auquel il s’est rendu est celui d’un proche ou celui d’une connaissance virtuelle, si la personne est réellement morte ou si elle s’est simplement déconnectée de son ordinateur. Saisissant.
La force du documentaire doit d’ailleurs beaucoup au niveau d'intimité que les deux réalisateurs ont réussi à créer avec les protagonistes de leur film. En totale confiance, ceux-ci se mettent à nu devant leur caméra et vont très loin dans le dévoilement. Qu’il s’agisse d’une femme au foyer obèse qui passe sa journée assise à manipuler son avatar à taille de gazelle ou ce looser pathétique qui s’admire en train de rouler des mécaniques crinière au vent pendant que les cendres de sa cigarette, qui se consume sans être tirée, recouvre son clavier. Rien n’échappe au regard féroce de la caméra de Kaori Kinoshita, qui fait la preuve grâce à sa mise en scène intrusive que la vie dans Second Life n’a rien d’un jeu, qu’il s’agit plutôt d’une extension de l’existence.
Quand l'appât du spectacle entraîne au voyeurisme.
Bien parti, le documentaire s’effiloche pourtant en court de route. Captivés par leurs témoins hors normes, les réalisateurs perdent en chemin leur sujet pour se focaliser sur les éléments les plus spectaculaires de leur enquête. Couple improbable formé sur Second life, dont l’une en a fait son gagne pain quand l’autre erre sur la plateforme à la recherche de son ex-femme. Pasteurs prosélytes à tendance illuminée qui ouvrent une chapelle virtuelle pour prêcher aux pêcheurs. Communauté goréene incarnée par un balayeur de station service travesti la nuit pour diriger la vie sexuelle de ses esclaves. Le temps passe, et l’impression de misère humaine et de voyeurisme se fait plus forte que jamais. La limite du crapoteux n’étant pas atteinte à la grâce d’une mise en image formellement assez bien posée, qui n’empêche tout de même pas cette accumulation de donner dans la complaisance.
En bref : Basé sur un fil conducteur brillant, la frontière fragile entre virtuel et réel sur Second Life, les réalisateurs se perdent pour en arriver à ne plus filmer qu’une galerie de tarés qui donnent l’impression qu’il faut avoir un problème pour traîner sur le net. Dommage, car les témoignages sont particulièrement impressionnants, et les questions soulevées abyssales. Mais l’appât du spectacle aura été le plus fort, culminant avec le splendide, mais thématiquement peu pertinent Burning Man. Reste des auteurs honnêtes, qui auront simplement eu la faiblesse de céder à la facilité quand un peu plus de rigueur thématique aurait pu faire, au vu de la matière accumulée, un documentaire de premier plan. Instructif quand même.
Avec : Patrick Teal, Benjamin L. Faust, Jennifer R. Faust
Année : 2009 Durée : 1h19 Pays : France VO : Anglais
Documentaire : The cat, the reverand and the slave.
Quelle relation entretient un résident de Second Life avec son avatar ? L’univers virtuel est-il un jeu ou une extension de la réalité ? Un lieu où assouvir ses fantasmes ou un réseau social ? C’est à ces questions, et beaucoup d’autres, que le documentaire d’Alain Della Negra et Kaori Kinoshita tente de répondre, les deux réalisateurs mettant en scène leur traversée de l’Amérique d’Est en Ouest, avec trois principaux protagonistes comme points d’appui, chacun représentatif d’une communauté emblématique de Second Life : les pasteurs évangélistes, les furies, qui développent une passion pour les animaux anthropomorphes, et les goréens, qui vivent selon des règles de domination très strictes…
Une réflexion sur la porosité entre les 2 existences
Sous forme de road movie initiatique, The Cat, the reverend and the slave part donc de ce postulat de départ passionnant : travailler la porosité qui peut exister entre l’existence réelle et celle de de son avatar. Espaces virtuels, maisons fantasmées ou liaisons par claviers interposés, le documentaire explore le quotidien de résidents et nous donne à suivre des conversations déconceptualisées qui donnent le vertige tant il est impossible de savoir si le sujet parle de son avatar ou de lui-même, si l’enterrement auquel il s’est rendu est celui d’un proche ou celui d’une connaissance virtuelle, si la personne est réellement morte ou si elle s’est simplement déconnectée de son ordinateur. Saisissant.
La force du documentaire doit d’ailleurs beaucoup au niveau d'intimité que les deux réalisateurs ont réussi à créer avec les protagonistes de leur film. En totale confiance, ceux-ci se mettent à nu devant leur caméra et vont très loin dans le dévoilement. Qu’il s’agisse d’une femme au foyer obèse qui passe sa journée assise à manipuler son avatar à taille de gazelle ou ce looser pathétique qui s’admire en train de rouler des mécaniques crinière au vent pendant que les cendres de sa cigarette, qui se consume sans être tirée, recouvre son clavier. Rien n’échappe au regard féroce de la caméra de Kaori Kinoshita, qui fait la preuve grâce à sa mise en scène intrusive que la vie dans Second Life n’a rien d’un jeu, qu’il s’agit plutôt d’une extension de l’existence.
Quand l'appât du spectacle entraîne au voyeurisme.
Bien parti, le documentaire s’effiloche pourtant en court de route. Captivés par leurs témoins hors normes, les réalisateurs perdent en chemin leur sujet pour se focaliser sur les éléments les plus spectaculaires de leur enquête. Couple improbable formé sur Second life, dont l’une en a fait son gagne pain quand l’autre erre sur la plateforme à la recherche de son ex-femme. Pasteurs prosélytes à tendance illuminée qui ouvrent une chapelle virtuelle pour prêcher aux pêcheurs. Communauté goréene incarnée par un balayeur de station service travesti la nuit pour diriger la vie sexuelle de ses esclaves. Le temps passe, et l’impression de misère humaine et de voyeurisme se fait plus forte que jamais. La limite du crapoteux n’étant pas atteinte à la grâce d’une mise en image formellement assez bien posée, qui n’empêche tout de même pas cette accumulation de donner dans la complaisance.
En bref : Basé sur un fil conducteur brillant, la frontière fragile entre virtuel et réel sur Second Life, les réalisateurs se perdent pour en arriver à ne plus filmer qu’une galerie de tarés qui donnent l’impression qu’il faut avoir un problème pour traîner sur le net. Dommage, car les témoignages sont particulièrement impressionnants, et les questions soulevées abyssales. Mais l’appât du spectacle aura été le plus fort, culminant avec le splendide, mais thématiquement peu pertinent Burning Man. Reste des auteurs honnêtes, qui auront simplement eu la faiblesse de céder à la facilité quand un peu plus de rigueur thématique aurait pu faire, au vu de la matière accumulée, un documentaire de premier plan. Instructif quand même.
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