samedi 23 mars 2013

sortie DVD : Inferno


Réalisation : Dario Argento

Avec : Leigh McCloskey, Irene Miracle, Daria Nicolodi

Année : 1980    Durée : 1h41     Pays : Italie

Rose tombe par hasard sur un vieil ouvrage écrit par l’architecte Varelli. Passionnée, elle dévore en une nuit l’histoire de cet homme qui fit construire trois résidences pour les trois mères de l’enfer, Mater Suspiriorum (la Mère des Soupirs), Mater Lacrimarum (la Mère des Larmes) et Mater Tenebrarum (la Mère des Ténèbres), sans comprendre qu’il est des vérités qu’il vaut mieux ne jamais connaître...

Dario Argento reprend avec Inferno la mythologie ésotérique créée trois ans plus tôt à l’occasion de l’ensorceleur Suspiria. Et dès l’ouverture, le ton s’annonce plus morbide encore que dans l’école régentée par Mater Suspiriorum, avec ses sous-sols noyés dans une eau trouble que Rose doit explorer pour retrouver une broche perdue quand elle va en fait ouvrir les portes de l’enfer. On prend conscience que rien ne nous sera épargné par un auteur qui s’amuse une nouvelle fois à structurer son film comme un mauvais rêve, aidé en cela par une photographie agressive de toute beauté et des décors à la décrépitude magnifiée.

La réalité se fait insaisissable, nous échappe aussi bien qu'aux fades protagonistes d’une histoire qui les dépasse. Succession de scènes démentes, à peines liées entre elles par le fil ténu de ces trois mères qui menacent à chaque détour de céder face à un scénario fantasme à la cohérence hasardeuse. Ensorcelé par ces couleurs vives qui baignent Inferno dans des teintes roses et bleue ténébreuses, on a la sensation de perdre pied. Car il n’y a aucun endroit pour échapper à la furia dévastatrice de Mater Tenebrarum, qui souffle ses relents viciés jusque dans les espaces publics, où les victimes se succèdent sans qu'aucune ne se détachent dans notre esprit, l’absence de personnage principal accentuant plus encore l’impression de perte de repère désirée par Argento.

Aussi l’angoisse intervient-elle en plein auditorium pendant un cours de musicologie, à la bibliothèque durant les heures d'ouverture, et à Central Park lors du massacre dantesque de l’étrange Kasanian, libraire handicapé qui finira dévoré par des rats un soir d’éclipse. Partout les murs suintent, chuchotent, susurrent, harcèlent. Argento recycle ses cauchemars d’enfant avec une puissance évocatrice hypnotique. Les caves s’ouvrent sur des marécages et les monuments regorgent de portes dérobées, de pièces cachées et de passages secrets. Tout y est écharde et coupures, des poignées de verre aux portes de taxis. Le sang semble toujours prêt à être versé, apéritif dans l’attente des mises à mort oniriques toujours plus perverses, signées par un réalisateur alors au sommet de son art.

En bref : Avec pour toile de fond une résidence new-yorkaise putride et menaçante, Inferno nous invite à suivre un délire alchimique sorti de nulle part. Limitant les dialogues au minimum, convoquant la folie la plus pure, de celle qui hante nos cauchemars, il nous perd dans une histoire d’horreur brillante où le maître de cérémonie n’est autre que la mort elle même. Et Dario Argento d'en profiter pour nous rappeler que si l’imaginaire est roi dans son univers, c’est peut-être tout simplement parce que la rationalité ne règne pas en enfer...


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