dimanche 25 mars 2012

Vidéo-club : The dead


Réalisateur : Howard J. Ford

Avec :
Rob Freeman, Prince David Osei, David Dontoh

Année :
2010

Histoire : Après le crash d'un vol d'évacuation, le lieutenant Brian Murphy doit survivre en milieu hostile : un territoire dominé par les morts-vivants en pleine Afrique de l’Ouest.
Et voilà, emballé c’est pesé. Point final. That’s all folks ! Circulez y’a plus rien à voir. Hein ? Comment ? Vous dites que Cédric Deléllée en a fait l’éloge dans le dernier Mad Movies ? Qu’après L’Armée des morts et 28 jours plus tard, il trouve que le film de zombies moderne peut s’enorgueillir d’un nouveau petit classique ? Que ce navet ensoleillée serait une véritable odyssée magnifiquement filmée ? Il était intoxiqué aux superlatifs, l’ami Delellé ? Ignifugé à l’amiante ? Malvoyant ? Semi dément ? Tout cela à la fois ?

Frank Zito, lucide, penche pour la dernière supposition, car après avoir visionné The dead, il peut vous jurer qu’il faut se pincer très fort pour trouver de quoi s’exciter dans cette série Z torchée avec les pieds par des réalisateurs de film d’entreprise. Et moins encore d’y trouver une quelconque relation avec La prisonnière du désert. Oui, vous lisez bien : le chef d’œuvre de John Ford. Le cinéaste américain qui a influencé à peu près tout ce qui se fait d’important dans le septième art contemporain. Sûr que ça ne vous serez pas venu à l‘esprit, mais à celui de Cédric Delellée, oui. No problemo. D’ailleurs si il avait eu le temps, il aurait cité Chaplin, Lynch, Kubrick, Capra, j’en passe et des plus grands. En fait, vous enfileriez des raclures de cabinets sous ses yeux qu’il croirait voir les colliers de la reine, vous dire la berlue.

De fait, partir de si haut pour arriver si bas, ça ferait presque suspect. Que Zito il doit en faire des caisses. Inventer. C’est pas possible. Cédric Deléllée, quand même. C’est pas du pipi de chat. Il entend bien. Comprend même. Et pourtant… Sûr, il se rend compte que les frères Ford sont aller piocher dans l’histoire du film de zombies pour torcher leur aventure. Loin même. On y retrouve beaucoup du Vaudou de Jacques Tourneur, surtout en ce qui concerne les lentilles de contact type Michael Jackson dans l’épilogue de Thriller, et de l'exotisme d'avant guerre avec la peur du grand noir sauvage impitoyable. Ils ont aussi beaucoup pioché chez Romero. Ici, pas de zombie sprinteur type Karl Lewis, mais un bon retour aux fondamentaux. Ça rôde lentement, râle mollement, boite péniblement. Putréfiés, abimés, les zombies n’ont pas d’âmes. Mais là où Tourneur et Romero arrivaient à créer du suspens, voire de l’inquiétude, avec the Dead, on a l’impression d’assister à une zombie Walk pour minorités visibles.

Caricatural direz vous ? Et c’est justement tout ce qui saute au visage de cette bobine mal foutue. L’Afrique dépeinte, c’est celle de Tintin au Congo. Le désert à perte de vue, c’est toujours le même plan, la même dune, le même village avec ses trois cases en torchis. En terme d’Afrique primitive, on croirait se retrouver dans une reconstitution pour fête foraine. Tout comme l’océan dans lequel se débat le lieutenant Bryan Murphy au début ressemble à une piscine à vague d‘Aqualand. Cet horrible machin laid comme un pou ne bénéficie évidement pas d’une quelconque amplitude de mise en scène. Plate comme une limande, on ne confirait pas aux frères Ford la réalisation d’un épisode de Plus belle la vie, de peur qu’ils n’en gâchent les meilleurs effets. Les acteurs sont épouvantables, statiques, l’histoire inexistante, Le lieutenant traverse le désert avec son ami de fortune, dans le but de nous offrir une bonne tranche d’amitié interraciale qui fleure plutôt le y’a bon banania. Tout est caricature, presque obscène, délire dont on est surpris que la bande son ne soit pas Saga africa. Ça aurait mis un peu d’ambiance dans la brousse en plastique.

En bref : N’allez surtout pas, sur les conseils avisés de Cédric Délellée, acheter The Dead à la Fnac la plus proche. Car si le fourreau est magnifique, s’il a été nommé dans plein de festivals (dont celui organisé par Mad Movies, oh surprise !) vous ne risquez pas d’y voir une « métaphore guerrière » dans un « film crédible dont les sensations sont décuplées par des accès de violence sanglante dont la sécheresse et la brutalité ne sont jamais gratuites ». Delellée avait fumé la moquette, aussi a-t-il vraiment cru voir dans ce publi-reportage de carte postale, caricatural et con comme la lune, le renouveau du film de zombies. Le pire de cette entreprise fumeuse à la réalisation miteuse, c’est qu’elle se prend au sérieux en diffusant un message d’amitié entre les peuples qui fouette fort la condescendance et la parodie. De fait, au lieu de penser à John Ford, on se rappelle plutôt Bruno Mattei en suivant ce super Touareg américain dans sa 504 Peugeot qui arrose les tontons macoutes à la kalachnikov.  Hélas ce dernier avait le don de nous faire rire quand The dead nous fait seulement chier.


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