Réalisateur : Banksy
Avec : Rhys Ifans, Banksy, Thierry Guetta
Année : 2011
Thierry Guetta accompagne partout son cousin, Invader, artiste urbain français qui sème dans les rues du monde entier des mosaïques ayant pour sujet les pictogrammes du jeu vidéo Space Invaders. Obsessionnel, Guetta filme tout ce qui bouge, ne lâchant sa caméra ni pour aller acheter le pain, ni pour pisser. C’est en suivant le parcours alternatif d’Invader qu’il va intégrer le monde clandestin du Street Art, suivant ces artistes hors-la-loi dans toutes leurs performances. Son rêve ultime : réussir à capturer l’œuvre de Banksy, le plus célèbre pochoiriste du monde, mais aussi le plus énigmatique…
Ouverture : Banksy, dans l’ombre d’une toge qui le fait apparaître en Dark Vador de l’art contemporain, voix trafiquée et métallique, explique comment il a rencontré Thierry Guetta, et pourquoi il en est venu à inverser le sujet du documentaire qu’il lui proposait afin de faire découvrir ce français compulsif et un peu looser plutôt que lui-même. Et Banksy de se lancer dans une histoire récente de l'art urbain par le biais des documents censément récoltés au fil des années par Guetta, qui s’est trouvé dans l’ombre des plus célèbres artistes urbains de la planète, depuis Invader, bien sûr, en passant par Shepard Fairey dont il suit la campagne de collage « Obey Giant » pour finir par Banksy lui-même, dont il devient le side-kick durant plusieurs mois, avant que le maitre ne lui suggère de voler de ses propres ailes.
Il y a plusieurs strates dans ce documentaire, mise en abîme d’autant plus vertigineuse qu’à l’image d'une poupée russe chaque question posée en appelle une nouvelle. Mais c’est aussi une prise sur le vif terriblement instructive sur les méthodes du Street Art, où l’on se retrouve au cœur de la création illégale de ces rebelles encagoulés qui exposent leur collages, graffitis, stickers et mosaïques dans la rue au mépris d’une police toujours prompte à les embarquer.
Le documentaire alterne ces moments de bravoure avec la pathologie de Guetta et ses relations étranges avec les acteurs du mouvement. Sorte de candide collant et relou accepté par le milieu underground comme le serait une mascotte, il en fait des tonnes au point d'être souvent gonflant. Basculant du documentaire à la farce, Banksy profite de cet alter ego moisi pour interpeler le spectateur, poser une foule de questions sur l’art, mais aussi sur sa légitimité, ses motivations, ses contradictions et bien sûr ses compromissions.
Gloire, notoriété, image, business, action, célébrité, tous ses thèmes s’entrecroisent dans une sorte de furia créatrice dont on aurait perdu le mode d’emploi, Banksy jouant la carte de l’humour pince sans rire tout en lâchant assez peu d'indices sur le sens de son documenteur. Malicieux, il apparaît mégalomaniaque, démiurge à la tête d'une armée d’assistants, et s’il fait entendre une critique à son sujet, cette fameuse financiarisation de l’art de rue qu’il a fait entrer dans les galeries, c’est pour mieux ironiser sur ses acquéreurs ridicules, courtisans pathétiques incapables de distinguer le vrai du faux, l’artiste de la copie, l’œuvre du buzz.
Bien sûr on peut regretter que dans sa démarche nihiliste il oublie d’expliciter clairement la raison d’être de l'art urbain, mais on reste admiratif devant la façon dont il nous interpelle. Banksky et Guetta existent-ils ? Sont-ils le fruit d’un collectif ? Leur volonté est-elle d’entrer dans les arcanes de l’art contemporain ou de le décrédibiliser en pointant sa fatuité? Sont-ils antisystème ou simplement de tristes baudruches avides de célébrité ? Banksy ne répond à rien, préférant un final en eau de boudin burlesque, où le monstre qu’il a créée, cette pâle copie de BrainWash, n’est pas loin de devenir plus célèbre que son maître.
En bref : Faites le mur est une réflexion vertigineuse sur le monde du Street Art, depuis sa création jusqu’à sa valorisation dans un marché abruti par la Hype. Où l’on se demande d’ailleurs si le documentaire est aussi drôle qu'il en à l’air, ou si à force de vider son action de tout sens Banksy n’est pas allé un peu trop loin. Désorienté par tant de mises en abîme, on sort de la salle sans vraiment savoir ce qu'il s’est passé, si ce n’est que notre regard face à cet artiste indomptable ne sera jamais plus le même. Sidérant.
Avec : Rhys Ifans, Banksy, Thierry Guetta
Année : 2011
Thierry Guetta accompagne partout son cousin, Invader, artiste urbain français qui sème dans les rues du monde entier des mosaïques ayant pour sujet les pictogrammes du jeu vidéo Space Invaders. Obsessionnel, Guetta filme tout ce qui bouge, ne lâchant sa caméra ni pour aller acheter le pain, ni pour pisser. C’est en suivant le parcours alternatif d’Invader qu’il va intégrer le monde clandestin du Street Art, suivant ces artistes hors-la-loi dans toutes leurs performances. Son rêve ultime : réussir à capturer l’œuvre de Banksy, le plus célèbre pochoiriste du monde, mais aussi le plus énigmatique…
Ouverture : Banksy, dans l’ombre d’une toge qui le fait apparaître en Dark Vador de l’art contemporain, voix trafiquée et métallique, explique comment il a rencontré Thierry Guetta, et pourquoi il en est venu à inverser le sujet du documentaire qu’il lui proposait afin de faire découvrir ce français compulsif et un peu looser plutôt que lui-même. Et Banksy de se lancer dans une histoire récente de l'art urbain par le biais des documents censément récoltés au fil des années par Guetta, qui s’est trouvé dans l’ombre des plus célèbres artistes urbains de la planète, depuis Invader, bien sûr, en passant par Shepard Fairey dont il suit la campagne de collage « Obey Giant » pour finir par Banksy lui-même, dont il devient le side-kick durant plusieurs mois, avant que le maitre ne lui suggère de voler de ses propres ailes.
Il y a plusieurs strates dans ce documentaire, mise en abîme d’autant plus vertigineuse qu’à l’image d'une poupée russe chaque question posée en appelle une nouvelle. Mais c’est aussi une prise sur le vif terriblement instructive sur les méthodes du Street Art, où l’on se retrouve au cœur de la création illégale de ces rebelles encagoulés qui exposent leur collages, graffitis, stickers et mosaïques dans la rue au mépris d’une police toujours prompte à les embarquer.
Le documentaire alterne ces moments de bravoure avec la pathologie de Guetta et ses relations étranges avec les acteurs du mouvement. Sorte de candide collant et relou accepté par le milieu underground comme le serait une mascotte, il en fait des tonnes au point d'être souvent gonflant. Basculant du documentaire à la farce, Banksy profite de cet alter ego moisi pour interpeler le spectateur, poser une foule de questions sur l’art, mais aussi sur sa légitimité, ses motivations, ses contradictions et bien sûr ses compromissions.
Gloire, notoriété, image, business, action, célébrité, tous ses thèmes s’entrecroisent dans une sorte de furia créatrice dont on aurait perdu le mode d’emploi, Banksy jouant la carte de l’humour pince sans rire tout en lâchant assez peu d'indices sur le sens de son documenteur. Malicieux, il apparaît mégalomaniaque, démiurge à la tête d'une armée d’assistants, et s’il fait entendre une critique à son sujet, cette fameuse financiarisation de l’art de rue qu’il a fait entrer dans les galeries, c’est pour mieux ironiser sur ses acquéreurs ridicules, courtisans pathétiques incapables de distinguer le vrai du faux, l’artiste de la copie, l’œuvre du buzz.
Bien sûr on peut regretter que dans sa démarche nihiliste il oublie d’expliciter clairement la raison d’être de l'art urbain, mais on reste admiratif devant la façon dont il nous interpelle. Banksky et Guetta existent-ils ? Sont-ils le fruit d’un collectif ? Leur volonté est-elle d’entrer dans les arcanes de l’art contemporain ou de le décrédibiliser en pointant sa fatuité? Sont-ils antisystème ou simplement de tristes baudruches avides de célébrité ? Banksy ne répond à rien, préférant un final en eau de boudin burlesque, où le monstre qu’il a créée, cette pâle copie de BrainWash, n’est pas loin de devenir plus célèbre que son maître.
En bref : Faites le mur est une réflexion vertigineuse sur le monde du Street Art, depuis sa création jusqu’à sa valorisation dans un marché abruti par la Hype. Où l’on se demande d’ailleurs si le documentaire est aussi drôle qu'il en à l’air, ou si à force de vider son action de tout sens Banksy n’est pas allé un peu trop loin. Désorienté par tant de mises en abîme, on sort de la salle sans vraiment savoir ce qu'il s’est passé, si ce n’est que notre regard face à cet artiste indomptable ne sera jamais plus le même. Sidérant.
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