jeudi 22 mars 2012

Ciné : Sherlock Holmes 2 : Jeu d’ombres



Réalisateur : Guy Ritchie

Acteurs : Robert Downey Jr, Jude Law

Année : 2012

Double séance Sherlock Holmes pour un après-midi pluvieux, faute de mieux dans un Var-est sinistré pour qui veut voir autre chose que du cinéma populaire. Et là surprise et Madeleine de Zito : alors que ce blog devenait un cimetière des éléphants, où les blockbusters semblaient voués à venir y mourir comme les grosses baudruches pleines de rien qu’elles étaient, Sherlock Holmes sort du lot commun avec une certaine maestria. Vous écrire la stupeur.

Car de Guy Ritchie, dont le cinéma cool et tapageur avait bercé les années estudiantines de Zito, avec sa mémorable trilogie Arnaque Crime et Botanique, Snatch et Carton rouge, trois bobines percutantes aux dialogues ciselés, une version british d’Audiard à la sauce Tarantino, il ne restait pas grand-chose. Le réalisateur donnait l’impression de s’être brulé les ailes au contact de la super nova Madonna, castré dans ses certitudes, moulinant dans le vide des titres aussi mineurs que minables, bref, Guy Ritchie était mort pour la patrie, relégué dans les pages de tabloïds sordides au rang de faire valoir. De son univers baroque, plus rien, jusqu’à ce que Sherlock Holmes sorte sur les écrans. A l’époque, la bande annonce plutôt vilaine n’avait pas réussi à attirer à nouveau Frank dans les bras d’un réalisateur auquel il n’apportait plus le moindre crédit. Autant écrire qu’il avait eu tord. Un tord réparé aujourd’hui.

Car tel le Phénix, et après avoir quitté l’orbite de la Madone, riche en frasques mais pauvre en pellicules, Guy Ritchie a retrouvé toute sa vista. L’étonnement est d’autant plus grand qu’il le fait en s’appuyant sur un film de commande, le dépoussiérage d’un mythe qui n’avait plus connu les honneurs du grand écran depuis vingt ans, accompagné de la mission bassement mercantile de créer une franchise bien juteuse. Bref, tous les voyants étaient au rouge. Et pourtant il se sort de cette affaire avec une classe étonnante. La restauration du héros de Connan Doyle est une réussite absolue. Décors soignés, reconstitution extrêmement riche, scénarios qui fleurtent avec le fantastique et le burlesque, le Sherlock Holmes de Ritchie lui ressemble, part dans tous les sens sans jamais se perdre, éblouit tout en respectant sa narration, se joue de tous les poncifs du blockbuster de base en gardant assez de substance pour ne pas incommoder.

Loin de jouer au passe-plat, Guy Ritchie met tout son cœur dans l’affaire. Drôle, énergique, dialogué avec brio, il n’hésite pas à en faire des caisses sur le spectaculaire, en remet une louche avec des ralentis parfois dantesques devant lesquels on reste bouche bée. Après les kilomètres de pellicules en 3D reloues qu’on ingurgite comme des veaux depuis Avatar, Sherlock Holmes nous rappelle que le pur spectacle n’a pas forcément besoin de ce type d’artifices pour exister dans le cinéma d’action contemporain. Délirant et loufoque, les deux films, impossibles à dissocier, flambent du feux de la virtuosité, de la joie de tourner, incarné par un duo d’acteurs proprement époustouflants. Robert Downey Jr, monstrueux, et Jude Law crèvent l’écran. Leur complémentarité est d’ailleurs l’une des plus belles qu’il nous ait été donné de voir dans ce genre de production depuis des lustres.

En bref : Blockbuster jubilatoire qui signe le retour par la grande porte d’un réalisateur que l’on croyait définitivement perdu pour la cause, Sherlock Holmes remplit son cahier des charges les doigts dans le nez. Guy Ritchie retrouve toute sa verve et signe ses aventures virevoltantes où tout fonctionne, le spectateur étant pris par le feu de l’histoire comme s’il était envouté par un mage facétieux. Joyeux, gesticulatoire, mais toujours lisible, il doit aussi beaucoup au charme absolu du duo Downey Jr/Jude Law, qui apportent tout leur charisme aux personnages cultes de Sherlock Holmes et du Docteur Watson. Du cinéma populaire chiadé, qui rend euphorique au point de réveiller le gosse qui sommeille en nous. En un mot comme en cent : de l’or en barre.


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