vendredi 2 mars 2012

Video-club : Cadavres à la pelle



Réalisateur : John Landis

Avec : Simon Pegg et Andy Serkis

Année : 2011

Reconstitution scrupuleuse et pesante d’une histoire vraie de pilleurs de tombes maintes fois adaptée pour le cinéma, John Landis fait véritablement peine à voir avec son Cadavres à la pelle. En effet, après plus de dix ans passés à cachetonner plus ou moins brillamment pour la télévision, le réalisateur de l’incontournable Loup Garou de Londres signe son retour avec un film très décevant, dont le comique troupier rappelle les pires heures de Jean-Marie Poiré version Les anges gardiens ou Ma femme s’appelle Maurice. Quand on sait qu’il souhaitait ranimer la flamme du cinéma de quartier des années 50 en l’agrémentant d’une pointe de grand guignol, ça vous raconte tout du ratage intégral. 

Caractère vieillot et humour daté

L’occasion donnée de savourer les critiques de journaux qui servent aveuglement les slogans des communiqués de presse sans se déplacer aux projections. Car il faudrait creuser longtemps dans cette terrible bobine pour y retrouver ce que l’on pouvait lire dans Télé 7 jours à sa sortie: « John Landis revient en pleine forme, après douze ans d'absence, avec cette farce macabre, amorale, hilarante et décapante ». 20 minutes se contentant de céder au jeu de mot poussif style L’équipe magasine pour s’enthousiasmer devant ce «délire macabre qu'il serait bien dommage d'enterrer ». Car si Cadavre à la pelle est plutôt bien fichu formellement, ce qui saute au visage des spectateurs, c’est son caractère vieillot et son humour daté. Et pourtant Dieu seul sait qu’à la différence des journalistes de Télé 7 jours et 20 minutes, Frank zito aime profondément Landis. Sa filmographie a bercé sa jeunesse, et aujourd’hui, il se régale devant les interventions érudites et toujours décalées de ce grand maître simple d’accès.

C’est pourquoi il enrage devant cette pochade sans charme ni ticket, cette histoire mal introduite par un bourreau pas drôle, cet hybride qui au lieu de permettre aux différents genres de fusionner, ressort patchwork vilain, le cul entre les 3 stooges, les Hammer movies et Oliver Twist version naphtaline de Polanski. Jamais amusant, jamais sinistre, jamais subversif mais toujours vulgaire, le dosage si cher à Landis entre humour et horreur fait flop. Et ce n’est pas la magnifique photographie -qui paraît déplacée pour un film à l’ambition si faible- ni la bande son, un horrible écoulement de cornemuse et de violon dans la plus terrible tradition écossaise, qui sauvent Cadavres à la Pelle du naufrage.

Une croisière Costa Concordia

En guise de canot de sauvetage, ne restait que le casting. Tenez, ouvrez grand Le monde pour découvrir que « le film est servi par une brochette de talents anglais toutes générations confondues ». C’est le point sur lequel la presse est la plus unanime. Quel casting ! Du haut vol ! Le gratin british ! Sauf que sur la pellicule, le gratin sent sérieusement le renfermé. Le caméo de Christopher Lee monté en épingle est insignifiant. Ronnie Corbett incarne le Capitaine Mc Lintock en mode Sergent Garcia. Isla Ficher passe complètement au travers. Le bateau coule et tous jouent leur partition comme s’il n‘y avait pas d‘autres passagers. Mais le pire reste le duo vedette. Alors là, la chute est lourde. Simon Pegg et Andy Serkis semblent bloqués en mode surjeu. Antipathiques, sans charisme aucun, ils essaient de compenser leurs handicaps par une divagation gesticulatoire grotesque. Leurs trognes bizarres, au lieu de coller au film, incommode physiquement. Jamais amusant, jamais touchant, et surtout jamais attachant, ils symbolisent parfaitement le ratage de Landis, incapable de choisir entre le ricanement cynique, le sourire tendre et l‘horreur de situation. Pire, il force le trait pour sombrer dans la vulgarité mainstream la plus contemporaine, loin, bien loin des références qu’il souhaitait raviver.

En bref :
On imaginait John Landis en capitaine Stebing, sur le pont du Love Boat, prêt à accueillir ses spectateurs pour une aventure virevoltante et référentielle après plus de dix ans de silence cinématographique. On le retrouve décati aux commandes d’un Costa Concordia sur pellicule. Comme son homologue italien, le capitaine Francesco Schettino, ses manœuvres grossières mènent Cadavres à la pelle à échouer lamentablement sur les côtes du septième art. La faute à un équipage incompétent en mode roue libre, laissé à l’abandon par un capitaine tout à la fierté de pouvoir encore manœuvrer un film de cette envergure. Une grosse deception dans laquelle Simon Pegg et Andi Serkis font pire qu’Isaak et Gopher, en étant incapable de sombrer avec le sourire. Moche et sans âme : une grosse déception.



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