samedi 19 mai 2012

Douche froide : Triangle


Réalisateur : Christopher Smith

Avec : Melissa George, Joshua McIvor, Jack Taylor


Année : 2009

Auteur du faiblard Creep et du dispensable Severance, Christopher Smith continue de creuser son sillon dans le cinéma de genre sans vraiment y apporter ni identité ni point de vue particulier. Les choses allaient-elles changer avec Triangle, relecture du mystère du triangle des Bermudes à la sauce thriller paranoïaque horrifique, et ce alors que son Black Death est depuis sorti sous les vivats de la presse spécialisée ? Où se situerait-il une fois de plus dans la triste norme des Direct-To-Vidéo sans saveur ni relief, qui inondent le marché des galettes à prix discount ?

Mouettes digitales et merdes pixélisées

A en croire la critique précitée, Triangle s’annonçait donc comme une pure pelloche prompte à donner le grand frisson, ce qu’infirme immédiatement une exposition poussive, avec la mise en place ultra-conventionnelle de protagonistes aussi stéréotypés qu'insignifiants. Six personnages en quête d’épaisseur, lancés dans une aventure maritime qui sent fort le poisson... D’autant que la mise en scène de Smith n’apporte pas grand-chose à l’affaire, se faisant aussi impersonnelle que son nom, quand la photographie se la joue aléatoire, avec changement d’ambiance à chaque plan, d’où il ressort une sorte de bouillabaisse visuelle assez indigeste. Par politesse pour un produit aussi bas de gamme, nous passerons un voile pudique sur des CGI extrêmement douteux, symbolisés par des mouettes digitales approximatives, occupées à chier des merdes pixélisées sur un paquebot numérique du plus bel effet…

De fait, Triangle impose de suite une règle d’airain : soit la qualité de son histoire captive l'auditoire au point de faire oublier l'importance de ses défauts, soit elle fait pschitt et la soirée promet d‘être longue. Bonne nouvelle : très écrit, le scénario la joue malin sans se montrer aussi ridicule qu’on pouvait le craindre. A grand coup de mises en abîme façon poupées russes et de boucles temporelles improbables, l’histoire arrive même à nous tenir gentiment éveillés. Peut-être conscient de son absence de potentiel technique, le réalisateur fait brûler son film comme s’il craignait de laisser le spectateur se rendre compte de la vacuité de l’ensemble.

Scénario qui se prend les pieds dans son sac de noeuds

Aussi les trouvailles les plus hasardeuses côtoient les plus beaux coups de théâtre au pas de charge, sans aucune intensité narrative, simplement habités par la volonté de ne pas ennuyer, ce dont on ne peut que lui être gré. Si ce n’est qu’à force de retournements de situation et d’intrigues à tiroir sans enjeu, le tout troussé sans talent ni conviction, l’ennui fini par reprendre le dessus, et l’on peine à lever une paupière sur un final aussi abracadabrantesque qu’interminable tant l’encéphalogramme de Triangle aura finalement été plat...

En bref : Triangle n’aurait pu être qu’un direct-to-vidéo comme les autres sans son scénario à l’ambition démesurée qui finit par se prendre les pieds dans son propre sac de nœuds. Lacé frénétiquement par Christopher Smith, qui s’avère infoutu de faire quelque chose de son histoire transgenre, même farcie de bonnes idées, comme ses accumulations de cadavres, le film cache mal la vacuité d’un ensemble porté par un casting de passe-plat et une réalisation terriblement médiocre. A éviter.

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