Année : 2012
Mauvaise série pour Zito, victime d’une grosse flemme qui l’empêche d’effectuer les cinquante kilomètres lui donnant accès aux cinémas d’art et essai de la région. Aussi se rabat-il sur le multiplexe local, et ses blockbusters plus ou moins avouables. Impossible pourtant de débourser un ticket d’entrée pour l’une des innombrables comédies made in France programmées qui squattent les salles. Leurs titres et leurs affiches donnent la nausée. Leurs interprètes issus des poubelles du petit écran refoulent. On s’emmerde rien qu’à subir les bandes annonces douteuses. Alors imaginer y rire…
Ninja en collant et succédané de cinéma eighties
En parlant de bande annonce, celle qui précéda Lock Out foutait aussi les jetons. Zito y a appris le retour de GI Joe, et il s’annonce fracassant, avec ses Ninjas tout en grimace qui multiplient les acrobaties en collant sur les sommets des Pyrénées. On croirait un remake de Bioman avec The Rock et Bruce Willis dans les rôles de Force jaune et Force rouge. Vous écrire si on en salive d’avance. Mais bon, déjà les lumières s’éteignent pour laisser place à Lock Out, dont il nous avait échappé qu’il s’agissait d’une production Besson. Las, trop tard pour s’enfuir. Alors nous sommes restés. Et ce ne sont pas les épouvantables premières minutes, une course poursuite dégueulasse qui confond spectaculaire et bouillabaisse de CGI, qui nous donnèrent raison. Ouf : il s’agissait de l’exception qui confirme la règle d’effets spéciaux plutôt corrects et au final assez bien utilisés pour une production serrée Europacorps.
De fait Lock Out n’est pas une purge. Pas un grand film non plus. Mais un succédané de cinéma d’anticipation des années 80. A l’extrême limite du plagiat en ce qui concerne New York 1997 et Los Angeles 2013. Ajoutez y un zest de Fortress et des pincées volées à Starchip Trooper et Total Recall, et vous aurez votre film. Au niveau de l’acting, du tout bon, par contre. Pearce campe de façon convaincante, son Snow version Snake Plisken des temps modernes, quand les bad-guys de la prison spatiale expérimentale cabotinent à la perfection, et collent parfaitement au sujet. Le binôme de réalisateur fait le taff, sans talent particulier ni vista, mais avec une rigueur plutôt heureuse. Et s’il leur arrive de perdre un peu le fil (à la différence de Carpenter dont c’est l’une des qualités majeures) et de manquer de cohérence spatiale, ils ne secouent pas leur caméra comme des parkinsoniens au stade terminal pour masquer leurs défauts. Ce qui finit par devenir une qualité dans le cinéma d’action.
Malhonnêteté de fossoyeur de tombe
De fait, l’intérêt principal du film est surtout d’avoir mis Zito en abîme avec l’adolescent qu’il a été, quand ce genre de film était l’archétype de la tuerie pour laquelle il aurait vendu père et mère. Un spectacle bourrin et fun, qui en met plein la tronche pour pas un rond. Alors on suit le spectacle avec un petite musique de nostalgie, même s’il finit par ressembler au culte "L’avion de l’apocalypse", avec sa succession ininterrompue de scènes de bastons cons comme la lune mais toujours plaisantes. A la différence, que la violence y fait beaucoup dans le hors champs, ce qui donne un côté aseptisé au produit. Mais Europacorps vise un public d’adolescents en couple, qui passe voir ça avant d’aller bouffer une pizza et sortir en boîte. Pas les geeks à lunettes qui épluchent leurs magazines ciné en rêvant grand écran.
Bref, les punshlines déconnantes fonctionnent bien, les CGI jouent l’alternance, le tournage Serbe ne fait pas trop cheap, tout était plutôt bien emballé jusqu’à ce qu’apparaisse au début du générique de fin : "Sur un idée originale de Luc Besson". Et là, patatras... Le drame… L’illusion de ce spectacle plutôt généreux, basique, qui avait l’air tellement honnête, s‘effondre devant la prétention de son créateur. Il aura fallu que le pilleur de tombe revendique les bijoux de famille dérobés dans les caveaux de Stuart Gordon, John Carpenter et Paul Verhoeven. Le malaise... A deux doigts d’être réconcilié avec Europacorps, voilà qu’on doit subir cet énième outrage. Cette idée originale qui sent si fort la redite qu’on croirait du plagiat. Et tout ce qui nous rendait l’entreprise sympathique de rompre devant le mauvais goût et le manque d’élégance de Luc Besson, ce grand réalisateur devenu au fil du temps un fossoyeur jaloux fasciné par tout ce qui brille chez les autres. Reste un film mineur, ersatz de cinéma d’anticipation eighties qui pue moins du bec que ce que veut bien le dire Zito. On dira que le verre est à moitié plein.
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