vendredi 4 mai 2012

Les Bisounours : Nouveau départ


Réalisateur :  Cameron Crowe

Avec : Matt Damon, Scarlett Johansson, Thomas Haden Church

Année : 2012

Nouveau départ. Père célibataire, Grosbisou (Matt Damon) a bien du mal à élever ses deux jeunes enfants (Toucalin et Ti' coquin). Espérant resserrer les liens familiaux, il décide de prendre un nouveau départ, plaque son travail et achète une vieille maison sur une immense propriété, qui a la particularité d’abriter un zoo délabré. Plusieurs dizaines d’animaux, singes, tigres et bien d’autres, vivent en effet au Pays des merveilles, où la gardienne Maminours (Scarlette Johansson) et son équipe dévouée tentent de maintenir les installations tant bien que mal. Sans la moindre expérience, avec très peu de temps et d’argent. Grosbisou et les siens vont tout mettre en œuvre pour réhabiliter le zoo et vivre ainsi leur plus grande aventure…

Cameron Crowe avait déjà à son actif l’une des pires purges du cinéma mélo mondial, qui avait en son temps mis au supplice un Frank Zito assez imperméable aux dégoulinades de bons sentiments: l’indépassable Jerry Maguire. Et bien retour à la case (Nouveau) départ avec sa dernière livraison, en tout point semblable à son illustre prédécesseur. Dès les scènes d’exposition, la messe est dite : même volonté pieuse de prendre le contrepied du larmoyant avec un Matt Damon qui fait face au décès de Groschérie (son épouse). Le ton est volontairement digne, légèrement décalé de ce que l’on pourrait attendre, mais ce n’est qu’un procédé narratif, une manœuvre destinée à conduire le plus vite possible le spectateur à l’émotion facile et grossière.

Un sirop si épais qu’il colle au cul-cul …

Car Grosbisous, à coup de discours interminables et de monologues de coach sportif va vite nous remettre dans le sens de la marche, et nous marteler qu’il faut croire en la chance du destin. Que la vérité sort de la bouche des enfants. Et surtout qu’il ne faut jamais tourner le dos à ses rêves. Car à force de travail et de volonté, on peut transformer l’Amérique (et le monde) en un royaume enchanté : le Pays des Bisous. Mais ne croyez toutefois pas que les choses sont aussi simples. Car Toucalin a du mal à s’endormir. Heureusement, Grosbisou lui apprend à attraper l’esprit de sa mère pour le mettre dans son cœur. La petite si craquante est alors prête à faire dodo. Le sirop est si épais qu’il colle aux paupières et qu’à la fin, le spectateur aussi veut s’endormir.

Sauf qu’il en est empêché par Grofasol qui balance ses notes de musique de contes de fées épouvantables à fond la sono. Gentil Grofasol, il ne voulait pourtant que notre bien… Neuneu, bourré de pathos jusqu’à la garde, mélo au point de rendre cinglé toute personne normalement constituée, Nouveau départ est l’incarnation du cinéma le pire. Celui qui n’a pour destination que les parents d’enfants en bas âge qui rêvent d’une jungle domestiquée à deux pas des zones industrielles. Ces classes moyennes béates qui savent se reconnaitre dans l’idéal d’un Grosbisou plein de thunes, qui a bon cœur, mais doit apprendre à avoir plus de poigne sur des employés de zoos pas toujours aussi motivés qu’il le faudrait.

En bref : Coulure de bons sentiments qui puent du bec, Nouveau départ fait du surplace dans la cinématographie médiocre de Cameron Crowe, qui nous refait le coup de son épouvantable Jerry Maguire. Il suffit de dix minutes de ce conte de fée moderne pour sentir ses ongles pousser, et l’envie de voir la bête qui est en vous déchirer rageusement l’écran. Pas sûr que vous ne vous ferez alors que des amis dans une salle convertie à la niaiserie ambiante, qui fixe l’œil humide l’histoire de cet aventurier des temps modernes qui a perdu avec les années beaucoup de son sex-appeal. A noter que Matt Damon, avec sa tronche de besogneux, incarne à la perfection ce héros domestique démoralisant. A vouloir soutirer les larmes aux forceps, Nouveau Départ incommode de mièvrerie et finit par donner envie d’éventrer un Bisounours en compensation. Du cinéma dangereux pour la santé mentale.

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