vendredi 11 mai 2012

Found footage : Troll Hunter


Réalisateur : André Øvredal

Avec : Otto Jespersen, Glenn Erland Tosterud, Johanna Mørck 

Année : 2011

Alors que le brouhaha médiatique allumé par cette histoire de chasseur de Trolls collé aux basques par une équipe d’étudiants norvégiens s’est éteint aussi vite qu’il avait embrasé la toile, il semblait intéressant de se forger un avis propre. D’autant que la presse spécialisée n’avait pas vraiment réussi à rendre compte de l’ouvrage, défini tour à tour comme convaincant, sérieux, second degré, grotesque, miraculeux, désincarné, frimeur, ambitieux ou plagiaire. Le tout par des sites et magasines auxquels Frank Zito apporte un tant soit peu de crédit. L’heure était donc venue d’apporter sa pierre à l’édifice bancal de la critique de Troll Hunter dont il faut rappeler qu’il est auréolé du grand prix Fantastic‘art de Gérardmer ainsi que du Méliès d'argent du meilleur long métrage européen du NIFFF (à tes souhaits…)

Le buzz émoussé n’avait tout de même pas enlevé l’excitation. C’est vrai quoi, André Øvredal ne claironnait-il pas avoir voulu tourner un C’est arrivé près de chez vous norvégien doré à l’huile de Troll ? Allez, pas la peine de maintenir un suspense inutile, du film belge, Troll Hunter n’a gardé qu’un mélange des genres plutôt raté, et après dix minutes passées, il semble évident que si l’on s’en sort avec un Dernier exorcisme ou un Blair Witch like, on sera bien content. Mais là aussi, le film ne réussit pas son pseudo documentaire, auquel on ne croit pas une seconde. Il nous faut donc revoir ses ambitions à la baisse. Alors à quoi il ressemble, hein, Troll Hunter ?

Found footage de gueule

C’est bien là qu’il tire son épingle du jeu : curieusement il réussit l’exploit de ne ressembler à rien de connu tout en donnant perpétuellement une impression pénible de déjà vu. Déjà vu en nous faisant emprunter à bord de la Land Rover pourrie du chasseur, la route de tous les poncifs de ce sous-genre, avec son équipe de têtes à claques têtes brulées qui foncent bille en tête sans qu’on ne sache jamais pourquoi ils sont aussi cons. Toutes leurs interventions auraient été improvisées, dixit le dossier de presse. Ca n’étonnera personne; dialogues creux, répétitions, questions absurdes et réactions inintelligibles, l’équipe d’apprentis documentaristes est le principal point faible du Troll Hunter, en dehors du procédé lui-même éculé et vidé ici de tout sens.

Pourtant on ne peut pas dire que le film ennuie. D’abord grâce à la performance énorme d’Otto Jespersen, qui apporte un maximum de crédibilité à son chasseur de Trolls fonctionnaire, lassé par son travail et ses conditions salariales. Grandiose. Ajouté à la qualité des paysages, et bien sûr des Trolls eux-mêmes. Car rien ne fait cheap dans cette production. Depuis les grands espaces scandinaves du nord de la Norvège très bien shootés à l’apparition des Trolls, quatre races au total, toutes différentes, que des problèmes de calcification des os font se pétrifier ou éclater sous les rayons lumineux de l’arme bricolée du chasseur. Il arrive d’ailleurs qu’il soit même spectaculaire dans certaines confrontations. Mais les Trolls sont des personnages limités, qui puent et pètent, sont bêtes comme leurs pieds, et finissent par nous lasser tout autant que les étudiants. En presque deux heures, on n’en peut plus d’attendre le final ultra prévisible, en regrettant qu’ils se soient fourvoyés dans le faux docu, quand les moyens mis en œuvre et le pitch, aussi léger soit-il, aurait pu faire un long traditionnel certainement plus efficace.

En bref : Perpétuellement le cul entre plusieurs chaises, du film d’horreur peu efficace au pastiche pas assez appuyé, en passant par le conte trop cynique et la comédie pas drôle, Troll Hunter se vautre méchamment après nous avoir fait espérer le meilleur. Film produit sur une idée de fin de soirée, étirée à l’infini, il alterne les tunnels prévisibles avec des idées sympas, comme ces braconniers polonais qui importent des ours croates morts pour faire diversion quand les Trolls font des dégâts. Bref dans le bref, du grand n’importe quoi qui aurait pu être jubilatoire mais s’avère plus poussif, la faute à un évident problème de ton que le réalisateur ne résoudra jamais. Curieusement à voir quand même.


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