mercredi 16 mai 2012

Film : Le silence qui tue


Réalisateur : Denny Harris

Acteurs : Rebecca Balding, Cameron Mitchell, Avery Schreiber


Année : 1980 

Shootés dans un ralenti hideux, deux flics visiblement sous pression pénètrent sur le théâtre d’un crime que l’on imagine atroce… Dès l’ouverture, toutes les qualités du Silence qui tue sont en place : musique de téléfilm daté, image dégueulasse et éclairage maussade. Les acteurs, pourtant chevronnés, se demandent plan par plan ce qu’ils foutent là. Quand à Denny Harris, dont c’était la première, mais aussi la dernière réalisation, il donne dans cette séquence d’introduction tout ce qu’il a dans le ventre, c’est à dire rien du tout.

Suite à ce départ en fanfare, on se coltine l’arrivée de Scotty, l’étudiante ingénue qui prend une chambre dans un Bed and Breakfeast de style victorien tenu par l’inquiétante Mrs Engells. Manque de pot, la propriétaire se paye le luxe de n’avoir non pas un seul, mais deux enfants dégénérés, obsédés par l’idée d’éliminer les clients d’une maison familiale seulement occupée par quatre locataires, dont (attention spoiler) deux finiront par s’en sortir.

Distrayons nous un instant avec un calcul mental : 1h30 de film laid, moche, ennuyeux et pas drôle, divisé par deux meurtres exécutés hors champ (l’un en ombre chinoise et l’autre qui nous permet d’apercevoir vaguement un couteau de cuisine maculé par ce qui semble bien être de la confiture de groseille) et nous obtenons deux tranches d’un ennui égal. A noter que le Silence qui tue fut interdit aux moins de seize ans à sa sortie, certainement la faute à une pendaison qui rappelle furieusement les meilleures heures du Monty Python’s Flying Circus.

Taquin, Denny Harris a par ailleurs placé au cœur de son film son Da Vinci Code. La clef qui permet de mieux comprendre le sens caché de l'œuvre. La voici : Jack pris d’une soudaine angoisse nocturne à l’idée que Scotty ait des problèmes, s’enfonce toute séance tenante dans les ténèbres de la maison Manson à la recherche de sa dulcinée, promenade d’une bonne dizaine de minutes dans les couloirs déserts de la pension, délire déambulatoire interminable et hypnotique à force de vacuité, jusqu’à ce qu’il finisse par pousser la porte d’un cellier pour clamer dans la nuit de l’escalier, et alors même qu’il n’y a personne : «J’ai compris, c’est une blague !»

En bref : Bas de tension et bas de plafond, doté d’un scénario sénile, aux boogeymen grotesques et à la photographie presbyte, Le Silence qui tue se pose d’emblée comme le maître étalon du slasher ménauposé dont on n’arrive même pas à s’amuser tellement on s’emmerde. Une purge ignoble qui bénéficie pour le trentième anniversaire de sa sortie d’une copie restaurée farcie de suppléments, dont deux commentaires audio. On en baille d’avance…

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