samedi 19 mai 2012

Douche froide : Triangle


Réalisateur : Christopher Smith

Avec : Melissa George, Joshua McIvor, Jack Taylor


Année : 2009

Auteur du faiblard Creep et du dispensable Severance, Christopher Smith continue de creuser son sillon dans le cinéma de genre sans vraiment y apporter ni identité ni point de vue particulier. Les choses allaient-elles changer avec Triangle, relecture du mystère du triangle des Bermudes à la sauce thriller paranoïaque horrifique, et ce alors que son Black Death est depuis sorti sous les vivats de la presse spécialisée ? Où se situerait-il une fois de plus dans la triste norme des Direct-To-Vidéo sans saveur ni relief, qui inondent le marché des galettes à prix discount ?

Mouettes digitales et merdes pixélisées

A en croire la critique précitée, Triangle s’annonçait donc comme une pure pelloche prompte à donner le grand frisson, ce qu’infirme immédiatement une exposition poussive, avec la mise en place ultra-conventionnelle de protagonistes aussi stéréotypés qu'insignifiants. Six personnages en quête d’épaisseur, lancés dans une aventure maritime qui sent fort le poisson... D’autant que la mise en scène de Smith n’apporte pas grand-chose à l’affaire, se faisant aussi impersonnelle que son nom, quand la photographie se la joue aléatoire, avec changement d’ambiance à chaque plan, d’où il ressort une sorte de bouillabaisse visuelle assez indigeste. Par politesse pour un produit aussi bas de gamme, nous passerons un voile pudique sur des CGI extrêmement douteux, symbolisés par des mouettes digitales approximatives, occupées à chier des merdes pixélisées sur un paquebot numérique du plus bel effet…

De fait, Triangle impose de suite une règle d’airain : soit la qualité de son histoire captive l'auditoire au point de faire oublier l'importance de ses défauts, soit elle fait pschitt et la soirée promet d‘être longue. Bonne nouvelle : très écrit, le scénario la joue malin sans se montrer aussi ridicule qu’on pouvait le craindre. A grand coup de mises en abîme façon poupées russes et de boucles temporelles improbables, l’histoire arrive même à nous tenir gentiment éveillés. Peut-être conscient de son absence de potentiel technique, le réalisateur fait brûler son film comme s’il craignait de laisser le spectateur se rendre compte de la vacuité de l’ensemble.

Scénario qui se prend les pieds dans son sac de noeuds

Aussi les trouvailles les plus hasardeuses côtoient les plus beaux coups de théâtre au pas de charge, sans aucune intensité narrative, simplement habités par la volonté de ne pas ennuyer, ce dont on ne peut que lui être gré. Si ce n’est qu’à force de retournements de situation et d’intrigues à tiroir sans enjeu, le tout troussé sans talent ni conviction, l’ennui fini par reprendre le dessus, et l’on peine à lever une paupière sur un final aussi abracadabrantesque qu’interminable tant l’encéphalogramme de Triangle aura finalement été plat...

En bref : Triangle n’aurait pu être qu’un direct-to-vidéo comme les autres sans son scénario à l’ambition démesurée qui finit par se prendre les pieds dans son propre sac de nœuds. Lacé frénétiquement par Christopher Smith, qui s’avère infoutu de faire quelque chose de son histoire transgenre, même farcie de bonnes idées, comme ses accumulations de cadavres, le film cache mal la vacuité d’un ensemble porté par un casting de passe-plat et une réalisation terriblement médiocre. A éviter.

mercredi 16 mai 2012

Film : Le silence qui tue


Réalisateur : Denny Harris

Acteurs : Rebecca Balding, Cameron Mitchell, Avery Schreiber


Année : 1980 

Shootés dans un ralenti hideux, deux flics visiblement sous pression pénètrent sur le théâtre d’un crime que l’on imagine atroce… Dès l’ouverture, toutes les qualités du Silence qui tue sont en place : musique de téléfilm daté, image dégueulasse et éclairage maussade. Les acteurs, pourtant chevronnés, se demandent plan par plan ce qu’ils foutent là. Quand à Denny Harris, dont c’était la première, mais aussi la dernière réalisation, il donne dans cette séquence d’introduction tout ce qu’il a dans le ventre, c’est à dire rien du tout.

Suite à ce départ en fanfare, on se coltine l’arrivée de Scotty, l’étudiante ingénue qui prend une chambre dans un Bed and Breakfeast de style victorien tenu par l’inquiétante Mrs Engells. Manque de pot, la propriétaire se paye le luxe de n’avoir non pas un seul, mais deux enfants dégénérés, obsédés par l’idée d’éliminer les clients d’une maison familiale seulement occupée par quatre locataires, dont (attention spoiler) deux finiront par s’en sortir.

Distrayons nous un instant avec un calcul mental : 1h30 de film laid, moche, ennuyeux et pas drôle, divisé par deux meurtres exécutés hors champ (l’un en ombre chinoise et l’autre qui nous permet d’apercevoir vaguement un couteau de cuisine maculé par ce qui semble bien être de la confiture de groseille) et nous obtenons deux tranches d’un ennui égal. A noter que le Silence qui tue fut interdit aux moins de seize ans à sa sortie, certainement la faute à une pendaison qui rappelle furieusement les meilleures heures du Monty Python’s Flying Circus.

Taquin, Denny Harris a par ailleurs placé au cœur de son film son Da Vinci Code. La clef qui permet de mieux comprendre le sens caché de l'œuvre. La voici : Jack pris d’une soudaine angoisse nocturne à l’idée que Scotty ait des problèmes, s’enfonce toute séance tenante dans les ténèbres de la maison Manson à la recherche de sa dulcinée, promenade d’une bonne dizaine de minutes dans les couloirs déserts de la pension, délire déambulatoire interminable et hypnotique à force de vacuité, jusqu’à ce qu’il finisse par pousser la porte d’un cellier pour clamer dans la nuit de l’escalier, et alors même qu’il n’y a personne : «J’ai compris, c’est une blague !»

En bref : Bas de tension et bas de plafond, doté d’un scénario sénile, aux boogeymen grotesques et à la photographie presbyte, Le Silence qui tue se pose d’emblée comme le maître étalon du slasher ménauposé dont on n’arrive même pas à s’amuser tellement on s’emmerde. Une purge ignoble qui bénéficie pour le trentième anniversaire de sa sortie d’une copie restaurée farcie de suppléments, dont deux commentaires audio. On en baille d’avance…

dimanche 13 mai 2012

Lock Out


Réalisateur : James Mather, Stephen St.Leger

Avec : Guy Pearce, Maggy Grace, Vincent Regan

Année : 2012

Mauvaise série pour Zito, victime d’une grosse flemme qui l’empêche d’effectuer les cinquante kilomètres lui donnant accès aux cinémas d’art et essai de la région. Aussi se rabat-il sur le multiplexe local, et ses blockbusters plus ou moins avouables. Impossible pourtant de débourser un ticket d’entrée pour l’une des innombrables comédies made in France programmées qui squattent les salles. Leurs titres et leurs affiches donnent la nausée. Leurs interprètes issus des poubelles du petit écran refoulent. On s’emmerde rien qu’à subir les bandes annonces douteuses. Alors imaginer y rire…

Ninja en collant et succédané de cinéma eighties

En parlant de bande annonce, celle qui précéda Lock Out foutait aussi les jetons. Zito y a appris le retour de GI Joe, et il s’annonce fracassant, avec ses Ninjas tout en grimace qui multiplient les acrobaties en collant sur les sommets des Pyrénées. On croirait un remake de Bioman avec The Rock et Bruce Willis dans les rôles de Force jaune et Force rouge. Vous écrire si on en salive d’avance. Mais bon, déjà les lumières s’éteignent pour laisser place à Lock Out, dont il nous avait échappé qu’il s’agissait d’une production Besson. Las, trop tard pour s’enfuir. Alors nous sommes restés. Et ce ne sont pas les épouvantables premières minutes, une course poursuite dégueulasse qui confond spectaculaire et bouillabaisse de CGI, qui nous donnèrent raison. Ouf : il s’agissait de l’exception qui confirme la règle d’effets spéciaux plutôt corrects et au final assez bien utilisés pour une production serrée Europacorps.

De fait Lock Out n’est pas une purge. Pas un grand film non plus. Mais un succédané de cinéma d’anticipation des années 80. A l’extrême limite du plagiat en ce qui concerne New York 1997 et Los Angeles 2013. Ajoutez y un zest de Fortress et des pincées volées à Starchip Trooper et Total Recall, et vous aurez votre film. Au niveau de l’acting, du tout bon, par contre. Pearce campe de façon convaincante, son Snow version Snake Plisken des temps modernes, quand les bad-guys de la prison spatiale expérimentale cabotinent à la perfection, et collent parfaitement au sujet. Le binôme de réalisateur fait le taff, sans talent particulier ni vista, mais avec une rigueur plutôt heureuse. Et s’il leur arrive de perdre un peu le fil (à la différence de Carpenter dont c’est l’une des qualités majeures) et de manquer de cohérence spatiale, ils ne secouent pas leur caméra comme des parkinsoniens au stade terminal pour masquer leurs défauts. Ce qui finit par devenir une qualité dans le cinéma d’action.

Malhonnêteté de fossoyeur de tombe

De fait, l’intérêt principal du film est surtout d’avoir mis Zito en abîme avec l’adolescent qu’il a été, quand ce genre de film était l’archétype de la tuerie pour laquelle il aurait vendu père et mère. Un spectacle bourrin et fun, qui en met plein la tronche pour pas un rond. Alors on suit le spectacle avec un petite musique de nostalgie, même s’il finit par ressembler au culte "L’avion de l’apocalypse", avec sa succession ininterrompue de scènes de bastons cons comme la lune mais toujours plaisantes. A la différence, que la violence y fait beaucoup dans le hors champs, ce qui donne un côté aseptisé au produit. Mais Europacorps vise un public d’adolescents en couple, qui passe voir ça avant d’aller bouffer une pizza et sortir en boîte. Pas les geeks à lunettes qui épluchent leurs magazines ciné en rêvant grand écran.

Bref, les punshlines déconnantes fonctionnent bien, les CGI jouent l’alternance, le tournage Serbe ne fait pas trop cheap, tout était plutôt bien emballé jusqu’à ce qu’apparaisse au début du générique de fin : "Sur un idée originale de Luc Besson". Et là, patatras... Le drame… L’illusion de ce spectacle plutôt généreux, basique, qui avait l’air tellement honnête, s‘effondre devant la prétention de son créateur. Il aura fallu que le pilleur de tombe revendique les bijoux de famille dérobés dans les caveaux de Stuart Gordon, John Carpenter et Paul Verhoeven. Le malaise... A deux doigts d’être réconcilié avec Europacorps, voilà qu’on doit subir cet énième outrage. Cette idée originale qui sent si fort la redite qu’on croirait du plagiat. Et tout ce qui nous rendait l’entreprise sympathique de rompre devant le mauvais goût et le manque d’élégance de Luc Besson, ce grand réalisateur devenu au fil du temps un fossoyeur jaloux fasciné par tout ce qui brille chez les autres. Reste un film mineur, ersatz de cinéma d’anticipation eighties qui pue moins du bec que ce que veut bien le dire Zito. On dira que le verre est à moitié plein.

vendredi 11 mai 2012

Found footage : Troll Hunter


Réalisateur : André Øvredal

Avec : Otto Jespersen, Glenn Erland Tosterud, Johanna Mørck 

Année : 2011

Alors que le brouhaha médiatique allumé par cette histoire de chasseur de Trolls collé aux basques par une équipe d’étudiants norvégiens s’est éteint aussi vite qu’il avait embrasé la toile, il semblait intéressant de se forger un avis propre. D’autant que la presse spécialisée n’avait pas vraiment réussi à rendre compte de l’ouvrage, défini tour à tour comme convaincant, sérieux, second degré, grotesque, miraculeux, désincarné, frimeur, ambitieux ou plagiaire. Le tout par des sites et magasines auxquels Frank Zito apporte un tant soit peu de crédit. L’heure était donc venue d’apporter sa pierre à l’édifice bancal de la critique de Troll Hunter dont il faut rappeler qu’il est auréolé du grand prix Fantastic‘art de Gérardmer ainsi que du Méliès d'argent du meilleur long métrage européen du NIFFF (à tes souhaits…)

Le buzz émoussé n’avait tout de même pas enlevé l’excitation. C’est vrai quoi, André Øvredal ne claironnait-il pas avoir voulu tourner un C’est arrivé près de chez vous norvégien doré à l’huile de Troll ? Allez, pas la peine de maintenir un suspense inutile, du film belge, Troll Hunter n’a gardé qu’un mélange des genres plutôt raté, et après dix minutes passées, il semble évident que si l’on s’en sort avec un Dernier exorcisme ou un Blair Witch like, on sera bien content. Mais là aussi, le film ne réussit pas son pseudo documentaire, auquel on ne croit pas une seconde. Il nous faut donc revoir ses ambitions à la baisse. Alors à quoi il ressemble, hein, Troll Hunter ?

Found footage de gueule

C’est bien là qu’il tire son épingle du jeu : curieusement il réussit l’exploit de ne ressembler à rien de connu tout en donnant perpétuellement une impression pénible de déjà vu. Déjà vu en nous faisant emprunter à bord de la Land Rover pourrie du chasseur, la route de tous les poncifs de ce sous-genre, avec son équipe de têtes à claques têtes brulées qui foncent bille en tête sans qu’on ne sache jamais pourquoi ils sont aussi cons. Toutes leurs interventions auraient été improvisées, dixit le dossier de presse. Ca n’étonnera personne; dialogues creux, répétitions, questions absurdes et réactions inintelligibles, l’équipe d’apprentis documentaristes est le principal point faible du Troll Hunter, en dehors du procédé lui-même éculé et vidé ici de tout sens.

Pourtant on ne peut pas dire que le film ennuie. D’abord grâce à la performance énorme d’Otto Jespersen, qui apporte un maximum de crédibilité à son chasseur de Trolls fonctionnaire, lassé par son travail et ses conditions salariales. Grandiose. Ajouté à la qualité des paysages, et bien sûr des Trolls eux-mêmes. Car rien ne fait cheap dans cette production. Depuis les grands espaces scandinaves du nord de la Norvège très bien shootés à l’apparition des Trolls, quatre races au total, toutes différentes, que des problèmes de calcification des os font se pétrifier ou éclater sous les rayons lumineux de l’arme bricolée du chasseur. Il arrive d’ailleurs qu’il soit même spectaculaire dans certaines confrontations. Mais les Trolls sont des personnages limités, qui puent et pètent, sont bêtes comme leurs pieds, et finissent par nous lasser tout autant que les étudiants. En presque deux heures, on n’en peut plus d’attendre le final ultra prévisible, en regrettant qu’ils se soient fourvoyés dans le faux docu, quand les moyens mis en œuvre et le pitch, aussi léger soit-il, aurait pu faire un long traditionnel certainement plus efficace.

En bref : Perpétuellement le cul entre plusieurs chaises, du film d’horreur peu efficace au pastiche pas assez appuyé, en passant par le conte trop cynique et la comédie pas drôle, Troll Hunter se vautre méchamment après nous avoir fait espérer le meilleur. Film produit sur une idée de fin de soirée, étirée à l’infini, il alterne les tunnels prévisibles avec des idées sympas, comme ces braconniers polonais qui importent des ours croates morts pour faire diversion quand les Trolls font des dégâts. Bref dans le bref, du grand n’importe quoi qui aurait pu être jubilatoire mais s’avère plus poussif, la faute à un évident problème de ton que le réalisateur ne résoudra jamais. Curieusement à voir quand même.


mercredi 9 mai 2012

Video-club : Red State

Réal : Kevin Smith

Avec : John Goodman, Michael Angarano, Melissa Leo

Année : 2011

Le réalisateur du cultissime Clerks, comédie bavarde et déjantée qui l’avait en son temps propulsé au panthéon de la geekitude cinématographique, refait parler de lui avec Red state, un film d’horreur sec et méchant qui fait suite à une traversée du désert jalonnée de comédies lourdingues et dispensables. Bref, Kevin Smith revient là où personne ne l’attendait, et la surprise est loin d’être mauvaise.

Avec un casting de rêve pour une production indépendante de ce genre. Depuis l’aminci, mais toujours en surpoids John Goodman en haut de l’affiche, jusqu'aux second couteaux, tous sont plus justes les uns que les autres. Les gosses, la pucelle, le prêcheur, les fidèles, le shérif, aucune fausse note à déplorer, aucun trou là où le cinéma de genre fait souvent dans le second choix avarié. La preuve absolue : l’incarnation habitée de Michael Parks dans le rôle du frappadingue pasteur Cooper, leader de la Five Points Church. Hypnotique. D’autant que Smith joue le contre-pied du genre en ciselant des textes au cordeau. La cerise sur le gâteau : un quart d’heure d’un prêche oppressant de réalisme, d’une qualité ahurissante.

Connerie fondamentaliste et trompette du jugement dernier

Militant, Smith décode la connerie fondamentaliste de façon presque scolaire, pour lui opposer la barbarie de la justice d’Etat, incarnée par des shérifs incompétents et une police fédérale en mode post-11 septembre, déresponsabilisée, cynique et expéditive. S’en dégage une ambiance nihiliste qui n’est pas sans rappeler l’œuvre de Rob Zombie, avec ses rednecks dégénérés et ses poulets tarés qui se tirent la bourre dans le trou du cul d’une Amérique au bord du gouffre, tendance fin de race.

Frontal, réaliste, violent et pénétrant Red state a donc tout pour plaire. Et l’on comprend facilement pourquoi il a glané le grand prix du dernier festival de Sitges qui, hormis dans le cas de l’affreux Vidocq en 2001, est plutôt une preuve de goût. Pourtant quelque chose manque à l’œuvre de Kevin Smith. Pas le cœur ni la passion qui crèvent l’écran, tout comme le talent et la rigueur, non. Il manque à son film une fantaisie, quelque chose qui le sorte de l’ordinaire, le fasse surnager quand au final, Red state reste un film d’horreur parmi les autres. Là où Rob Zombie a apporté au genre son barnum glauquissime à l’esthétique cracra, Smith se contente d’un didactisme un rien cynique et échoue au portes de l’excellence. La faute à un twist final mal foutu et tristement rationnel qui le ré-étalonne in-extrémis et lui enlève à l’arraché beaucoup de sa superbe.

En bref : Kevin Smith s’essaye avec bonheur au cinéma de genre, déclinant l’histoire immédiate de l’Amérique contemporaine dans un affrontement dantesque entre différentes formes de fondamentalisme. Impitoyable, formidablement incarné, il ne manque à Red state qu’un ingrédient pour relever l’ensemble et le porter aux nues. Hélas, à un jet de pierre de l‘arrivée, il avale la trompette du jugement dernier dans un twist qui plombe un film jusque là kité pour être immédiatement culte. Bad luck. 

mardi 8 mai 2012

Fausse couche : 17 filles



Réalisatrices : Muriel Coulin, Delphine Coulin

Avec : Louise Grinberg, Juliette Darche, Roxane Duran

Année :
2011

Attention pitch fou : Dans une petite ville au bord de l’océan, 17 filles d’un même lycée prennent ensemble une décision inattendue et incompréhensible aux yeux des garçons et des adultes : elles décident de tomber enceintes en même temps ! Mieux : le film est tiré d’un fait divers américain tout à fait authentique. Mama Mia, la bombe ! Le truc de fou ! L’OVNI en atterrissage !

Ravalez vos fantasmes, le truc est en fait sage comme une image… Car les deux réalisatrices, loin de prendre ce fait divers à bout de bras, de le triturer pour en faire un film d’auteur dans son sens le plus strict, c’est-à-dire d’y apporter un angle, un goût, un engagement, quoi que ce soit qui donne une impression d’origine contrôlée, laissent cet incroyable script vivre mollement sa vie. Le casting est bon. La photographie relativement neutre. Le ton compassé. Le point de vue inexistant, aussi incroyable que cela puisse paraître. Et après être allées chercher de l’autre côté de l’Atlantique un fait divers aussi barré que celui là, les sœurs Coulin vont scolairement le normaliser, le rendre cohérent. Triste ambition qui fait perdre beaucoup de son sel à son adaptation.

De fait, ce qui crève les yeux dans leur mise en scène, c’est son caractère appliqué, convenu, formaté. Retranscrit dans la région lorientaise en lieu est place de l’univers ultra catho d’origine, Muriel et Delphine Coulin affadissent terriblement le délire par des explications sociales du plus mauvais effet. Attention spoiler : ici, nos filles veulent échapper à la misère humaine et économique d’une bourgade sinistrée. Les adultes y sont dépassés. Les hommes défaillants. Tous ont unilatéralement baissé les bras. Ils sont violents, alcooliques ou connement compréhensifs. Dans tous les cas de figure, ils se trouvent désarmés devant cet acte déraisonnable. Ils ne comprennent pas. Il n’y a qu’à voir la grotesque scène explicative, ce tour de table en salle des profs où les enjeux du film sont tristement exposés.

C’est dans cette soupe argumentaire un peu lourde que le fait divers trouve sa genèse : de cette  perte de sens et de valeur, ce défaut d’éducation et cet horizon grisâtre auquel les jeunes filles veulent échapper. L’absurdité de cette vie de merde. Les réalisatrices n’hésitent d’ailleurs pas à creuser un peu plus le sillon des platitudes douteuses en saupoudrant leur thèse d’une pincée de guerre en Afghanistan, avec le concours d’un personnage qui ne semble pas vraiment tiré d‘une histoire vraie. Relou.

Bref, 17 filles déçoit. Formellement, en étant terriblement sage, et dans son contenu même, en atténuant la subversion de cet acte fou par une démonstration propre sur elle, point de vue embourgeoisé sur une misère sociale fantasmée. Reste que les filles sont pétillantes, le film pas désagréable à suivre, mais son traitement estampillé « éducation nationale », sa dérive tranquille vers un ennui bienséant, désole. Au point que l’on se demande finalement pour quelle raison, autre que son utilisation à but lucratif, Muriel et Delphine Coulin sont allées convoquer ce fait divers, s’il ne les inspirait pas tant que cela. Au final, on a l’impression de suivre un sous-Christophe Honoré, corseté jusqu’à l’étranglement absolu, quand l’ensemble aurait mérité un traitement à sa démesure.  Et de ce prendre à rêver de ce qu’un artiste dérangé comme Takashi Miike aurait pu faire d’une telle pépite. Ne restera donc de cet acte punk qu’un film indie français terriblement fade. Autant dire pas grand-chose.


samedi 5 mai 2012

Concert : Hyphen hyphen+Yip receiver+Of Montréal



Hyphen Hyphen, Yip receiver et Of Montréal, Triumvirat pop rock alléchant, posaient leurs valises au théâtre Lino Ventura le soir du grand débat d’entre deux tours Hollande/Sarkozy. Mauvaise nouvelle pour la fréquentation de l‘excellente salle niçoise, très faible. Bonne nouvelle pour les oreilles : même si on aurait aimé assister au flan pris en pleine tronche par notre futur/ex-président de la république, la soirée fut belle. Très belle même.

La confirmation : Hyphen Hyphen

Plus d’un an après avoir renversé ce même Théâtre Lino Ventura, retour des enfants prodiges au bercail. Adoubés depuis par les Inrocks, programmés au printemps de Bourges, on imagine la déception de retrouver le Théâtre à moitié vide. Pourtant, dans la droite ligne de ses performances précédentes, Santa, la rayonnante leader d’Hyphen Hyphen, toute en puissance, a bouffé la scène comme si sa vie en dépendait. Rageuse, elle a une nouvelle fois livré une prestation brut de décoffrage , portant à bout de chant les compositions solides de son groupe. Avec toujours ce sentiment assez rare de se poser comme une évidence au spectateur. Une certitude : Santa sera grande, avec ou sans Hyphen Hyphen. Son charisme singulier, sa personnalité hors norme et sa façon de mettre au défi, arrachent décidément tout sur son passage. Généreux et jamais dans la posture, Hyphen Hyphen s’affirme une fois de plus comme la tête de gondole électro-rock de la région. Plus qu’une révélation : une confirmation.

La récréation : Yip deceiver


La suite allait s’avérer nettement moins aboutie, avec l’entrée en scène de Yip deceiver, auto-défini comme un groupe de pop expérimentale par Davey Pierce and Nicholas Dobbratz, deux des multi-instrumentalistes d’Of Montréal. Sûr que la maigre audience n’aura pas aidé, mais il faut bien avouer que l’objet ressemble à un OVNI de première bourre : duo de musiciens geeks à l’allure d’introvertis, ils donnent l’impression de jouer un incroyable fake. Celui d’une reformation de Wham à la sauce MGMT ! Les titres, plus loufoques les uns que les autres, avec leur côté "songs for love" ont l’air d’avoir été bricolées un soir de loose. Les deux larrons, en mode charlot, en font des caisses, jettent des regards latin-lovers, tapent dans la chorégraphie ringarde et amusent plus qu’ils n’enthousiasment. Après de nombreux appels de bateleurs à acheter leurs CD, des tentatives désespérées d’emballer dans le public, les deux auront vraiment donné la banane à tout le monde, dans un mode DJ branlette à Palavas les flots. Aussi sympa que barré.

L’addiction : Of montréal

Autant dire que le minimalisme de Yip deceiver ne nous aura pas préparé à la claque qui allait suivre. Car Of Montréal est venu en terre niçoise avec la grosse Bertha, et hors de question de réaliser un show au rabais pour causse de salle désertée. C’est bien simple, les Américains ont offert un spectacle au niveau de sophistication incroyable. Pour habiller leur rock psychédélique foutraque, gorgé de disco et de funk, ils ont déroulé une scène parfaitement distribuée où les musiciens jouent chacun un rôle visuel différent. L’ensemble est lié par un jeu de lumière proprement éblouissant, qui mêle l’enchantement à un côté arty vraiment magnifique. Of Montréal, c’est la classe, la grande classe. Les titres s’enchaînent, virevoltent, les sons s’emmêlent aux formes, la scène est habitée par des contorsionnistes qui tour à tour envoient des ballons géants, se transforment en plantes imaginaires, jouent les catcheurs mexicains ou les porte-étendards d‘un monde inconnu.

Toute la scénographie semble infuser la salle, et ce n’est plus Of Montréal qui se trouve au Théâtre Lino Ventura, mais bien le Théâtre qui donne la sensation d’être avalé par l’onirisme psyché du groupe. L’expérience est impressionnante. En permanence à la limite de la cohérence et de la cacophonie. Hyper créatifs, il paraît qu’ils ont l’habitude d’alterner chaque soir le choix et l’ordre de leurs morceaux. Une chance inouïe pour nous, car le rappel, gagné difficilement par un public clairsemé qui aura longuement donné de sa maigre voix, sera dantesque. Presque un quart d’heure de spectacle total sur « The past is a grotesque animal », morceau fleuve en version Dantesque. Ce n’est pas une marée, c’est un tsunami scandé par un Kevin Bacon ultra offensif. Alors sûr, on aura raté l’anaphore de François Hollande, son, « Moi, président de la république, je… », mais la progression infernale du titre, sa puissance, son immédiateté auront  définitivement donné tort aux absents. Car le monde, ce mercredi soir, n’avait pas pour centre le Sarko-show et sa trainée obscurantiste, mais bien le théâtre Lino Ventura, où la tendance était multi-ethnique, multiculturelle, artistique et grandiloquente. Avec Of Montréal en maître de cérémonie. En un mot comme en cent : lumineux.


vendredi 4 mai 2012

Les Bisounours : Nouveau départ


Réalisateur :  Cameron Crowe

Avec : Matt Damon, Scarlett Johansson, Thomas Haden Church

Année : 2012

Nouveau départ. Père célibataire, Grosbisou (Matt Damon) a bien du mal à élever ses deux jeunes enfants (Toucalin et Ti' coquin). Espérant resserrer les liens familiaux, il décide de prendre un nouveau départ, plaque son travail et achète une vieille maison sur une immense propriété, qui a la particularité d’abriter un zoo délabré. Plusieurs dizaines d’animaux, singes, tigres et bien d’autres, vivent en effet au Pays des merveilles, où la gardienne Maminours (Scarlette Johansson) et son équipe dévouée tentent de maintenir les installations tant bien que mal. Sans la moindre expérience, avec très peu de temps et d’argent. Grosbisou et les siens vont tout mettre en œuvre pour réhabiliter le zoo et vivre ainsi leur plus grande aventure…

Cameron Crowe avait déjà à son actif l’une des pires purges du cinéma mélo mondial, qui avait en son temps mis au supplice un Frank Zito assez imperméable aux dégoulinades de bons sentiments: l’indépassable Jerry Maguire. Et bien retour à la case (Nouveau) départ avec sa dernière livraison, en tout point semblable à son illustre prédécesseur. Dès les scènes d’exposition, la messe est dite : même volonté pieuse de prendre le contrepied du larmoyant avec un Matt Damon qui fait face au décès de Groschérie (son épouse). Le ton est volontairement digne, légèrement décalé de ce que l’on pourrait attendre, mais ce n’est qu’un procédé narratif, une manœuvre destinée à conduire le plus vite possible le spectateur à l’émotion facile et grossière.

Un sirop si épais qu’il colle au cul-cul …

Car Grosbisous, à coup de discours interminables et de monologues de coach sportif va vite nous remettre dans le sens de la marche, et nous marteler qu’il faut croire en la chance du destin. Que la vérité sort de la bouche des enfants. Et surtout qu’il ne faut jamais tourner le dos à ses rêves. Car à force de travail et de volonté, on peut transformer l’Amérique (et le monde) en un royaume enchanté : le Pays des Bisous. Mais ne croyez toutefois pas que les choses sont aussi simples. Car Toucalin a du mal à s’endormir. Heureusement, Grosbisou lui apprend à attraper l’esprit de sa mère pour le mettre dans son cœur. La petite si craquante est alors prête à faire dodo. Le sirop est si épais qu’il colle aux paupières et qu’à la fin, le spectateur aussi veut s’endormir.

Sauf qu’il en est empêché par Grofasol qui balance ses notes de musique de contes de fées épouvantables à fond la sono. Gentil Grofasol, il ne voulait pourtant que notre bien… Neuneu, bourré de pathos jusqu’à la garde, mélo au point de rendre cinglé toute personne normalement constituée, Nouveau départ est l’incarnation du cinéma le pire. Celui qui n’a pour destination que les parents d’enfants en bas âge qui rêvent d’une jungle domestiquée à deux pas des zones industrielles. Ces classes moyennes béates qui savent se reconnaitre dans l’idéal d’un Grosbisou plein de thunes, qui a bon cœur, mais doit apprendre à avoir plus de poigne sur des employés de zoos pas toujours aussi motivés qu’il le faudrait.

En bref : Coulure de bons sentiments qui puent du bec, Nouveau départ fait du surplace dans la cinématographie médiocre de Cameron Crowe, qui nous refait le coup de son épouvantable Jerry Maguire. Il suffit de dix minutes de ce conte de fée moderne pour sentir ses ongles pousser, et l’envie de voir la bête qui est en vous déchirer rageusement l’écran. Pas sûr que vous ne vous ferez alors que des amis dans une salle convertie à la niaiserie ambiante, qui fixe l’œil humide l’histoire de cet aventurier des temps modernes qui a perdu avec les années beaucoup de son sex-appeal. A noter que Matt Damon, avec sa tronche de besogneux, incarne à la perfection ce héros domestique démoralisant. A vouloir soutirer les larmes aux forceps, Nouveau Départ incommode de mièvrerie et finit par donner envie d’éventrer un Bisounours en compensation. Du cinéma dangereux pour la santé mentale.

mercredi 2 mai 2012

Vite dit : Hunger games


Réalisateur  : Gary Ross

Avec : Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth

Année : 2012

Ce n’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule. Raison pour laquelle on va parler en vitesse de Hunger Games. Le film phénomène. Tiré d’une saga littéraire à succès. Une trilogie. Pour adolescent. Un producteur hollywoodien vous expliquerait que c’est l’équivalent d’un triple 7 tiré sur un bandit manchot à Las Vegas : le jackpot ! Des couilles en or ! Sans risque, si tant est que vous ne poussiez pas trop fort le levier du budget. Opération réussie pour Hunger Games : Des milliers de millions de milliards coulent à flot. Les spectateurs s’engouffrent dans les salles, s’empiffrent de pop corn et s’étouffent de Cocas et de M&m’s. Quel succès ! Quel réussite industrielle ! Enorme !

Bon, et le film dans tout ça ? Parce qu’a bien y regarder, toutes ces sagas ont en commun qu’elles ne sont pas terribles. Twilight, Harry Potter, j’en passe et des Narnia, ça fait pas vraiment rêver au-delà de dix sept ans. Spectaculaires, sans âmes, leur caractérisation est uniquement tournée vers un public adolescent romantique, qui punaisera dans un coin de sa chambre toutes les photos de ses héros préférés. Achètera la boite de Corn Flakes avec son magnet à la gomme. Se procurera le DVD Collector en faisant la queue déguisé comme un con. Avant de passer le reste de sa vie à avoir honte de cette passion disparue en même temps que son acné. Bref, rien de nouveau sous le soleil, on est tous passés par là. Du reste, ces films ne sont en général ni bons, ni mauvais, se contentant de faire le boulot, la légende restant à attribuer à un service marketing ultra performant. De fait, Hunger Games ne déroge pas à la règle. Très inégal, certainement calqué sur un roman qui l’est lui aussi, il se contente d’illustrer son cahier des charges, somme toute sommaire : faire vibrer le public cible, sans prise de risque aucune.

Si l’on ne s’ennuie jamais devant ce gloubiboulga de références qui va de l’héroic fantasy à Battle Royal, en passant par Running Man, difficile toutefois de s’extasier devant le résultat. Le scénario patchwork  craque souvent aux coutures. La violence fait beaucoup dans le hors champ. Les décors sonnent SF un peu daté (ce qui n’est pas sans charme). Les acteurs sont sympathiques et assureront facilement le service après glamour. Plein de caméo plus ou moins utiles. Bref, tout est à peu près à sa place dans ce qui s’annonce comme la première pierre de l’inévitable trilogie qui enrichira beaucoup de monde à Lionsgate. Mais si on garde la tête froide, et que l’on regarde l’objet pour ce qu’il est, force est de constater que c’est terriblement moyen. Un petite bobine qu’on aurait trouvé sympathique dans le circuit de la série B, mais qui fait quand même un peu tâche dans son rôle imposé de blockbuster culte. Un produit parfaitement markété dont, au final, Frank Zito n’avait vraiment rien à dire…


mardi 1 mai 2012

Ciné : Le policier


Réalisateur : Nadav Lapid

Avec : Yiftach Klein, Yaara Pelzig, Michael Moshonov

Année : 2012


Le policier. Au bout d’une errance qui nous aura fait faire le tour du Var en quatre-vingts heures de bouchons, les Zito débarquent par le plus grand des hasards à Toulon et profitent de leur liberté retrouvée pour filer au Royal, seule salle de cinéma art et essai varoise, plutôt bien tenue d’ailleurs -ce qui est loin d’être toujours le cas lorsque l’on parle de salle de cinéma alternatif, nous en reparlerons un jour. Coup de bol, le policier venait de commencer. 30 secondes de retard, mais pas une minute de perdue tant le premier film de Nadav Lapid a emballé Zito.

L’histoire, découpée en plusieurs séquences plus ou moins longues, avec un personnage principal différent pour chacune, hypnotise dès le départ. Corps musclés, massages physiques, claques dans le dos, on suit le policier dans ses amitiés viriles et sa future paternité de tellement près qu’on a la sensation de le toucher. Extrêmement physique, le film déconstruit méticuleusement l’image première que l’on pourrait avoir de Yaron, beau type narcissique à l’allure basse de plafond, qui se révèle particulièrement complexe. Moralité à géométrie variable, sensualité de bête incontrôlable, relation au pouvoir ambigu. Yaron, plus que le personnage principal, est le reflet d’une société qui semble ne plus trop savoir où elle va. Attirée par les extrêmes, mais obéissante à l’ordre établi, fut-il inique. Par touches successives se dessine une histoire d’Israël méconnue. Loin des caricatures en place. Passionnante.

Une bande à Baader en peau de Malabar

Puis le récit bascule, à la faveur d’une scène d’une violence aussi étonnante que nihiliste. Place alors à un groupuscule d’illuminés motivés par la lutte des classes. Le fait même que ces révolutionnaires en peau de Malabar ne soient pas arabes, argument majeur du film, est souligné assez lourdement par le réalisateur, ce qui n’entame en rien son mérite. Car l’histoire du Policier est celle d’une nation comme les autres, qui connait une souffrance populaire grandissante, une misère nouvelle monstrueusement mise en valeur par l’opulence des plus puissants. Particulièrement bien amenée, la bande à Baader locale fait d’autant plus peur qu’elle est totalement fanatisée. Comme avec Yaron, le réalisateur, à l’image d’un vieux sage, brouille les pistes, fait monter la tension jusqu’à la rendre parfois insoutenable, en nous maintenant en permanence en alerte, en jouant en virtuose de l’ellipse, du non-dit. Pris dans son filet, on dévore des yeux cette histoire du terrorisme moderne, dont le visage, au lieu d’être barbu et grimaçant, ressemble terriblement au notre.

En bref : Si les acteurs sont époustouflants et la maitrise technique vraiment au dessus du lot, c’est le propos du film qui, s’il passe un peu au travers au moment de nous raconter l’incompréhension de Yaron devant ce nouvel ennemi qui pourrait être lui-même, emballe en se permettant de sortir de l’éternelle thématique du conflit israélo-palestinien pour raconter simplement une histoire qui se déroule en Israël. L’histoire d’hommes et de femmes prisonniers du personnage qui leur a été assigné, de leur rôle dans la société, de ce statut indépassable qui peut parfois amener à faire le contraire de ce que l’on aurait aimé accomplir. L’histoire d’un formidable malentendu. Doublée d’une histoire contemporaine de la lutte des classes. Bref, une histoire universelle. Précieuse.