Dès les premières mesures, le ton est donné, le batteur épileptique d’Hyphen Hyphen faisant valser ses fûts à un tempo infernal qu’il ne relâchera jamais. Sous influence rythmique de Vampire week-end, avec un fond nettement plus accrocheur et brut de décoffrage, et face à un public tout acquis à sa cause, le quatuor enchaîne des titres visiblement taillés pour la scène. Leur pop rock mâtiné d’électro aux compositions solides, ainsi que leur allure bricolée à base de fuseau, paillettes et serre-tête font mouche à tout les coups.
Mais Hyphen Hyphen c’est aussi et surtout Santa, l’impressionnante leader du groupe qui possède une voix monstre, à la variété et la puissance étonnante pour une fille de cet âge. Et cette présence ! Dotée d’un physique qui rappelle celui d’Adele Bethel de Sons and Daughters, elle possède comme elle ce charisme singulier, cette personnalité hors norme et une façon de mettre au défi le public qui arrache tout sur son passage. Généreuse et jamais dans la posture, elle incarne à la perfection un set sous influence très bien régurgité, et peut sortir sous les ovations d’un public sur les rotules après une heure éprouvante pour les nerfs. Un groupe à suivre de très près.
C‘était donc après une entrée en matière particulièrement bouillante qu’Ebony Bones était attendue, l’ambiance ayant eu le temps de retomber avec une bonne heure d’attente quand enfin elle débarque. Allure de zoulou envoûtée, ambiance électro-punk-funk-vaudou, masque tribal, bonnet tibétain et short colonial, le show s’engage dès les premières notes sur les chapeaux de roue. La mise en scène, magnifiée par des masques torturés ambiance quattrocento, est parfaitement maîtrisée, les titres s’enchaînent comme des perles, et Ebony Bones fait le métier. Énergique, bondissante, elle arpente la scène soutenue par une chorégraphie aux petits oignons.
La perruque s’agite dans tous les sens, la furie rugit, convulse sans que sa voix ne bouge d’un iota, et si le son est un peu compressé l’ambiance monte encore d’un cran. Ebony réclame que l’on tape dans nos mains, on s’acquitte de bonne grâce, veut que l’on fasse du bruit, on en fait, tout acquis à sa cause. Mais dès la mise en bouche avalée, et une grosse poignée de tubes lâchés comme autant de scuds, un photographe renvoyé à ses chères études et une tenue de scène qui s’emmêle au porte micro, voilà déjà le groupe qui quitte la scène pour un rappel prématuré. Et quel rappel ! Un retour au pas de charge, la moitié d’un titre déjà joué, on rameute le public sur scène et hop, emballé c’est pesé, Ebony est déjà à l’hôtel laissant un public incrédule après moins de quarante cinq minutes de show très pro, mais au final assez impersonnel et laconique. Dommage, car elle semblait en avoir beaucoup sous la semelle, et nous aussi...
En bref : Hyphen Hyphen et Ebony Bones, c’était l’occasion rêvée d’admirer deux femmes de caractère à la présence sur scène assez impressionnante. L’attaque a été frontale, ces dames agressant l’auditoire comme les bulldozers des étudiants sur la place Tien An Men, mettant leur public à genou devant tant de talent et d’énergie. Mais là où Hyphen Hyphen jouait avec classe sa vie, Ebony Bones n’était que venue cachetonner, laissant son public orphelin après avoir à peine pris le temps de le secouer. Minimum syndical d’autant plus remarqué que le rappel en forme de foutage de gueule vira comique. Dommage, car jusqu’alors, la soirée avait été très belle…
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