dimanche 14 octobre 2012

Roman : Cantique de la racaille

 Auteur : Vincent Ravalec

Cantique de la racaille.
Gaston rencontre Marie Pierre en Normandie, une jeune fille à la beauté irrésistible qui lui plait à crever. Ex-taulard qui squatte son appartement dans un immeuble désaffecté au dessus du café Maurice, troquet de poivrot tenu par son partenaire d’entourloupe Saïd, il se rend bien compte que pour garder un tel canon, il va lui falloir changer de standing. S’engage une quête vers les sommets qui ne sera pas sans embûches…

Le premier roman de Vincent Ravalec s’attache au parcours d’un marginal, businessman à la petite semaine, réglo et romantique à sa manière, qui va être à deux doigts de voir son rêve devenir réalité. Autoproclamé directeur d’une société fantoche (Extramill, « parce que c’est extra et que ça tape dans le mille » ) dont Marie Pierre est l’experte comptable, il surfe sur un sens des affaires particulier, de celui qui transforme les presque clodos du bar Maurice en surveillants de rue. L’écriture est jubilatoire, la description du Paris-combine pénétrante, tout respire le vécu chez Ravalec, qui croque ses toquards avec un amour infini et un sens de l’humour décapant.

Son tour de force est d’ailleurs de nous faire épouser le point de vue de cette racaille émouvante, de pousser l’empathie à son maximum, tellement fort qu’elle nous entraîne très (trop?) loin aux coté de Gaston, dont on savoure le regard décalé sur le monde de l’entreprise et le pognon facile, sur la belle société, ses coups bas et ses carrés VIP top top. Et nous comme lui de ne rien voir venir quand l’auteur, au détour d’un chapitre, distille les grains de sables qui enrayent cette réussite qu’on a à peine eu le temps de savourer. Notre Al Capone de Paname s’embourbe soudain, perd confiance dans son mirage, semble ne plus pouvoir échapper à l’épée Damoclès qui menace chaque page de ce cantique qui sonne crescendo comme un requiem. Car Gaston et Marie Pierre, aussi sincères et purs soient-ils, ne sont-ils pas marqués au fer rouge de la galère ?

En bref : Ravalec signe un livre magnifique, une ode attendrie à destination de ces bras cassés au grand cœur, dont les actes comme l’enfer sont pavés de bonnes intentions, et nous rappelle que si la misère est à vendre, il n’y a jamais personne pour l’acheter.

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