Réalisation : Joseph Kosinski
Avec : Jeff Bridges, Garrett Hedlund, Olivia Wilde
Année : 2010
Musique : Daft punk
Tron Legacy.
Entamons cette chronique par un coup de gueule. Il devient difficilement supportable de subir les leçons de morales narratives de projets, qui émanent de structures elles-même symboliques de ce qu’elles semblent dénoncer. Explications : Tron s’ouvre sur la réunion annuelle du comité directeur d’Epcom, société éditrice de logiciels informatiques, dont le cynisme est vivement désapprouvé. En effet, le PDG est une personne cupide, qui n’hésite pas à vendre une franchise qui n’a de novateur que le nom quand de son côté le jeune héritier de Flynn, riche à millions, s’est détourné de l’entreprise pour devenir un adolescent attardé trop cool qui vit ses rêves de beauf dans un entrepôt faussement minable. Actionnaire majoritaire d’Epcom, il préfère s’introduire en douce dans son entreprise pour faire dérailler le discours du méchant PDG et offrir au monde la gratuité d’un logiciel, dans une ambiance libertaire assumée. Sauf que venant d’une entreprise comme Disney, en pointe dans la lutte contre le piratage, peu soucieuse du bien être de ses salariés de base et à la direction largement aussi cynique que celle du comité directeur d’Epcom, la dénonciation morale coince un peu.
D’autant que passé cette première couleuvre, avalée avec difficulté, il faut tenir la trentaine de minutes qui suit, plutôt médiocre. Notre jeune héros au charisme aléatoire nous embarque à sa suite dans une aventure qui ressemble furieusement à Fast and furious. Grosses cylindrées, enfilades de cascades abracadabrantesques, humour estampillé Vin Diesel, Tron ressemble alors à un film d’action technoïde bourrin, réussi dans son genre, mais dont le genre n’est pas une réussite. Bref, ajouté au prix d’or acquitté à l’entrée, justifié par une salle Imax 3D comme toujours superflue, l’affaire était mal engagée.
C’est alors qu’apparaît Jeff Bridges. Gourou de la Grille, concepteur retenu dans Tron depuis 25 ans. Il réussit véritablement à nous faire passer une émotion absente depuis le début, parce qu’aussi superficielle que ces personnages synthétiques et son jeune héros insipide. Vieilli, magnifié dans une toge blanche, les traits tirés, il incarne à lui seul l’abandon de cette plateforme de jeu crépusculaire au ciel obscur, seulement illuminé par d’incessants éclairs de tonnerre. Humain jusqu’au bout des ongles, la vielle bête donne le contrepoids qui manquait jusqu’alors à Tron. Une épaisseur qui enfin équilibre le film, qui sort de l’ornière du simple action movie pour devenir une fable à la dimension de ce que l’on était en droit d’attendre.
Dès lors, tout fonctionne parfaitement. Les jeux de plateforme prennent sens,
on suit avec intérêt ce monde des programmes qui a vaincu la tyrannie des
concepteurs. L’univers plastiquement splendide prend le temps d’être admiré,
jusqu’au double digital, Clu, qui impressionne de par l’incroyable prouesse
qu’il incarne ainsi que ses limites. Car si nous voyons effectivement Jeff
Briges jeune jouer le rôle de Clu, et ce dans la longueur, ça ne colle pas
vraiment. La motion capture restant assez synthétique pour créer un effet
d’étrangeté particulièrement saisissant. Et puis bien sûr il y a l’electro de
Daft Punk, dont on finit par ne plus savoir lequel des deux apporte le plus à
l’autre, le groupe ou le film. Véritable coup de génie, ils incarnent Tron Legacy au point d’en être indissociables,
leur univers se fondant complètement au concept du métrage.
En bref : Même si Tron Legacy comporte des éléments qui suscitent l’agacement parfois, et des réserves morales souvent, elles le sont pour des raisons qui échappent au film lui-même. Car la séquelle de Tron, film dont on oublie aujourd’hui qu’il n’a de culte que le nom, et dont le succès n’était assis que sur son aspect technique, dépasse finalement de beaucoup l’original avec un scénario très bien mené, un Jeff Bridges dont la maturité enrichit à elle seule tout le film et des décors rétro-futuristes magnifiques. Tron se payant même le luxe d’être aérien à la grâce d’une partition électro de toute beauté. Une bonne surprise.
Entamons cette chronique par un coup de gueule. Il devient difficilement supportable de subir les leçons de morales narratives de projets, qui émanent de structures elles-même symboliques de ce qu’elles semblent dénoncer. Explications : Tron s’ouvre sur la réunion annuelle du comité directeur d’Epcom, société éditrice de logiciels informatiques, dont le cynisme est vivement désapprouvé. En effet, le PDG est une personne cupide, qui n’hésite pas à vendre une franchise qui n’a de novateur que le nom quand de son côté le jeune héritier de Flynn, riche à millions, s’est détourné de l’entreprise pour devenir un adolescent attardé trop cool qui vit ses rêves de beauf dans un entrepôt faussement minable. Actionnaire majoritaire d’Epcom, il préfère s’introduire en douce dans son entreprise pour faire dérailler le discours du méchant PDG et offrir au monde la gratuité d’un logiciel, dans une ambiance libertaire assumée. Sauf que venant d’une entreprise comme Disney, en pointe dans la lutte contre le piratage, peu soucieuse du bien être de ses salariés de base et à la direction largement aussi cynique que celle du comité directeur d’Epcom, la dénonciation morale coince un peu.
D’autant que passé cette première couleuvre, avalée avec difficulté, il faut tenir la trentaine de minutes qui suit, plutôt médiocre. Notre jeune héros au charisme aléatoire nous embarque à sa suite dans une aventure qui ressemble furieusement à Fast and furious. Grosses cylindrées, enfilades de cascades abracadabrantesques, humour estampillé Vin Diesel, Tron ressemble alors à un film d’action technoïde bourrin, réussi dans son genre, mais dont le genre n’est pas une réussite. Bref, ajouté au prix d’or acquitté à l’entrée, justifié par une salle Imax 3D comme toujours superflue, l’affaire était mal engagée.
C’est alors qu’apparaît Jeff Bridges. Gourou de la Grille, concepteur retenu dans Tron depuis 25 ans. Il réussit véritablement à nous faire passer une émotion absente depuis le début, parce qu’aussi superficielle que ces personnages synthétiques et son jeune héros insipide. Vieilli, magnifié dans une toge blanche, les traits tirés, il incarne à lui seul l’abandon de cette plateforme de jeu crépusculaire au ciel obscur, seulement illuminé par d’incessants éclairs de tonnerre. Humain jusqu’au bout des ongles, la vielle bête donne le contrepoids qui manquait jusqu’alors à Tron. Une épaisseur qui enfin équilibre le film, qui sort de l’ornière du simple action movie pour devenir une fable à la dimension de ce que l’on était en droit d’attendre.
En bref : Même si Tron Legacy comporte des éléments qui suscitent l’agacement parfois, et des réserves morales souvent, elles le sont pour des raisons qui échappent au film lui-même. Car la séquelle de Tron, film dont on oublie aujourd’hui qu’il n’a de culte que le nom, et dont le succès n’était assis que sur son aspect technique, dépasse finalement de beaucoup l’original avec un scénario très bien mené, un Jeff Bridges dont la maturité enrichit à elle seule tout le film et des décors rétro-futuristes magnifiques. Tron se payant même le luxe d’être aérien à la grâce d’une partition électro de toute beauté. Une bonne surprise.
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