Réalisation : Lucio Fulci
Avec : Florinda Bolkan, Marc Porel, Tomás Milian
Année : 1972
La longue nuit de l'exorciste
Sous un soleil de plomb, une femme déterre un squelette humain à mains nues, inconsciente d’être suivie du regard par un enfant. Lui même trompe son ennui en tuant des lézards au lance pierre, trainassant non loin d’une ruine occupée par des putes qui soulagent des paysans vulgaires. Vous voici arrivés à Accendura, petite bourgade enclavée d’Italie du sud qu’en un plan, ou presque, Lucio Fulci vous fait appréhender mieux que le guide du routard régional. Si tant est qu’un guide de tourisme ait jamais été édité sur Accendura…
En délocalisant son Giallo, genre cinématographique traditionnellement joué dans le théâtre urbain, le Maestro renforce l’inhumanité des ses protagonistes, quasi bestiaux, dénudés de la stylisation raffinée des habituels tueurs à l’arme blanche. Loin de la flamboyance des métrages de Martino ou d’Argento, il se permet, grâce à cette délocalisation, d'appuyer lourdement là où ça fait mal. L'ambiance particulièrement malsaine, sert un scénario où se déversent toutes les tares possibles et imaginables. Femme, enfant, veau, vache et cochon sont pourris, cruels, souillés, perturbés, vicieux, abrutis, vils et superstitieux...
Sous un soleil de plomb, une femme déterre un squelette humain à mains nues, inconsciente d’être suivie du regard par un enfant. Lui même trompe son ennui en tuant des lézards au lance pierre, trainassant non loin d’une ruine occupée par des putes qui soulagent des paysans vulgaires. Vous voici arrivés à Accendura, petite bourgade enclavée d’Italie du sud qu’en un plan, ou presque, Lucio Fulci vous fait appréhender mieux que le guide du routard régional. Si tant est qu’un guide de tourisme ait jamais été édité sur Accendura…
En délocalisant son Giallo, genre cinématographique traditionnellement joué dans le théâtre urbain, le Maestro renforce l’inhumanité des ses protagonistes, quasi bestiaux, dénudés de la stylisation raffinée des habituels tueurs à l’arme blanche. Loin de la flamboyance des métrages de Martino ou d’Argento, il se permet, grâce à cette délocalisation, d'appuyer lourdement là où ça fait mal. L'ambiance particulièrement malsaine, sert un scénario où se déversent toutes les tares possibles et imaginables. Femme, enfant, veau, vache et cochon sont pourris, cruels, souillés, perturbés, vicieux, abrutis, vils et superstitieux...
Galerie parfaite pour mettre en scène le drame glauque d'une série de
meurtres d'enfants pour le moins impitoyables. Le casting est lui aussi parfait,
avec à sa tête l’inévitable Thomas Milian dans le rôle d’un journaliste
séducteur, et Florinda Bolkan, la sorcière du village dont le lynchage reste
l’une des scène les plus fortes jamais tournée dans le genre. Le scénario est
tourmenté à souhait, la photographie soignée comme jamais. Mais ce qui rend
La longue nuit de l'exorcisme incontournable, c’est la réalisation même
d’un Fulci dans une forme étincelante. Mise en scène d'une précision diabolique,
travail des plans sophistiqués, mobilité absolue de la camera, il maîtrise
totalement son sujet. Techniquement, on le sent au sommet. Il nous étouffe, nous
indispose, imprègne la pellicule d’un épais malaise, putréfie l'atmosphère dans
une ébauche évidente à la poésie macabre qui fera de lui un réalisateur à part
dans le panthéon de l’horreur...
Mais n’allez pourtant pas croire qu’au-delà de l’atmosphère irrespirable de
cet arrière pays perclus de superstition et de veulerie, quiconque trouve grâce
aux yeux de Lucio qui, misanthrope devant l’éternel, n'oublie pas d'opposer en
quelques plans les tares génétiques de la campagne à l'indifférence, au mépris
et au vice d'une ville organiquement liée à Accendura par cet autoroute
ultramoderne qui draine ses citadins insensibles et égoïstes vers Milan.
En bref : Avec pour théâtre un village reculé où se
succèdent des crimes d’enfants sordides, Fulci tourne l’un des sommets d’un
genre plus habitué à la sophistication urbaine qu’à l’ignorance rurale.
Malsaine, désillusionnée et particulièrement graphique, La longue nuit de
l'exorcisme fait pour ces raisons partie de ce que le réalisateur a fait de
mieux, d’autant qu’il touche aux fondamentaux de son cinéma nihiliste. Désespéré
par l’humanité, sa bêtise et sa barbarie, il signe un grand giallo qui résonne
comme le prologue de la fin d’une espèce. Magnifique.
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