Réalisation
: Michel Gondry
Avec : Seth Rogen, Cameron Diaz, Jay Chou
Année : 2011
Green hornet
Avec : Seth Rogen, Cameron Diaz, Jay Chou
Année : 2011
Green hornet
Un fils à papa miteux hérite à la mort de son père du Daily Sentinel, journal
familial à gros tirage, en même temps que de son personnel, dont fait parti
l’étonnant Kato, maître en capuccino et en arts martiaux. Désœuvrés et blasés,
les deux acolytes vont chercher le grand frisson en devenant à la nuit tombée
les premiers super-héros craints par les méchants mais détestés par la
population qu’ils protègent…
Les premières minutes de Green Hornet laissent immédiatement
présager du pire en terme d’adaptation de Comics, avec sa mise en avant
écœurante de l’idéal de société vulgaire que véhicule 7 jours sur 7, 24 heures
sur 24 MTV et consœurs, et que l’on pourrait résumer à un trio de valeurs
cardinales qui en font la clé de voûte : ignorance, gros culs et billets verts.
Ces valeurs semblent trouver une niche particulièrement accueillante chez nos
amis super héros milliardaires, avec comme point d’orgue l’insoutenable Iron Man. La nausée est sérieusement aggravée par le doublage qu’assure une
sorte de Michel Leeb en roue libre, ce copycat de l’imitateur de sinistre
mémoire nous pondant un accent chinois assez incroyable.
Mais c’est par son casting et sa persévérance que le Frelon Vert va
réussir à enlever la partie. Et d’abord le casting, qui, chose rare dans ce type
de méga production, est presque parfait. Depuis Cameron Diaz dont on se dit à la
première apparition qu’elle n’a plus l’âge de ces conneries mais qui, en
assumant à la grâce d’un retournement narratif malicieux son âge, se charge de
nous renvoyer dans nos cordes. En passant par Christoph Waltz, qui après avoir
incarné le pourri absolu dans Inglorious Bastard retrouve un rôle de
méchant au tailleur nettement moins classe et au charisme défaillant. Hilarant.
Et bien sûr, il y a les deux héros, avec d’abord le Frelon Vert, campé par le
détestable mais au final attachant Seth Rogen, version ripoux de l’égocentrique
show man Eddy Murphy du flic de Beverly Hills. Il prend beaucoup de place, mais
avec un certain style. Last, but not the least dans le rôle du sidekick, la star
asiatique Jay Chou reprend le rôle de Kato. S’il n’a peut-être pas une palette
illimitée d’expressions, il colle à la perfection à l’énigme de son personnage
à-tout-faire sorti de nulle part. Et pour ce qui est de donner du coup de poing,
ce n’est évidement pas le dernier pour la déconne.
Vient ensuite la réalisation de Michel Gondry, qui s’efface totalement (ou
presque) derrière son sujet. Pas particulièrement fan du bric-à-brac qui fonde
son univers, on reste pantois devant la facilité avec laquelle il laisse sa
quincaillerie au vestiaire pour offrir une réalisation mainstream plutôt en
phase avec son sujet. Les rares effets de styles qu’il se permet donnent
d’ailleurs raison à son effacement - que ce soit les accélérations à la Charlot
assez hors-sujet, ou la formidable utilisation d’un split screen dément qui
multiplie les angles de vue et découpe l’écran en autant de pastilles 3 D !-
Bref, mis à part quelques plans personnels plus ou moins heureux, il s’acquitte
de sa tâche avec sérieux, accompagnant un scénario plutôt réussi et moins niais
qu’à l’habitude avec une humilité rare.
En bref : Plus réalistes et humanisés que dans la moyenne des Comics,
nos deux blaireaux magnifiques élèvent le Frelon Vert au rang de grand
spectacle de qualité. Pas plus, mais pas moins non plus. La moyenne de ces
productions frôlant la débilité la plus totale, la pellicule de Gondry est à
considérer comme une sacré performance. Recommandable.