Hardeux dans une autre vie, c’est avec stupeur que Frank Zito apprit la
reformation du cultissime Vulcain. Et comme une bonne
nouvelle n’arrive jamais seule, les anciens protégés de Motörhead
débarquaient sur la côte le soir même. Ni une ni deux, il se rua dans le
grenier, comme habité par de vieux démons, enfila son perfecto bouffé par les
mites, ses gants à clous et sa ceinture cartouchière, lâcha des cheveux qu’il
avait encore longs et entraîna une Madame Zito relookée Girlschool à
l’arrière de sa Harley, sur son sissy bar à tête de mort. Car Vulcain,
pour les nostalgiques de la grande époque du métal, c’est un peu la pleine lune
pour les loups garous, un appel irrésistible, même s’il faut avouer que ni
Frank, ni Madame Zito ne savaient trop où ils mettraient les pieds : ils
n’avaient tout simplement pas le choix.
Incry met ses émotions sur le tapis
Vous dire leurs gueules quand ils se retrouvèrent dans une salle presque comble devant Incry, groupe de métal contemporain, au gros mur de guitares et à l’aspect étonnamment bricolé. Devant un géant peroxydé féru de body building, dont l’allure générale n’était pas sans rappeler celle d’un tueur en série scandinave. Une voix à la Bernie Bonvoisin et des paroles un peu limites. La douche froide instantanée. Car c’est bien sympa, la nostalgie, mais ça fait oublier qu’on n’est pas forcément le bon public au bon endroit. D’ailleurs l’odeur de naphtaline collée au blouson de Frank commençait à l’incommoder quand Madame se disait que le slim en cuir acheté en vitesse pour l’occasion lui boudinait peut-être un peu trop les fesses. Pourtant même s’ils étaient difficiles à prendre au sérieux, personne n’a eu envie de tirer sur l’ambulance. Car Incry est aussi le symbole de la scène métal en général, occupé par des types sincères, des musiciens pointus, à la technique irréprochable. Des gars qui se soucient de leur public et donnent tout pour lui plaire. Qui n’ont honte de rien et mettent leurs émotions sur le tapis. Rien que pour cela, Incry méritait qu’on leur tire notre chapeau.
Une odeur de souffre
Toutefois, le doute s’était un peu insinué. Et si Vulcain, ça allait être ridicule ? Un truc daté, gênant, irracontable ? Et si le fils des volcans était devenu grotesque avec sa foudre et sa force métallique ? C’est à ce moment précis que les frères Puzio et Marc Varez traversèrent la salle, laissant traîner derrière eux cette odeur de souffre si caractéristique au Rock’n’roll. Des dégaines pas croyables, des gueules pas racontables, une attitude de seigneur, ils investirent la scène sous les vivats d’une foule soudain ragaillardie pour balancer la sauce sans sommation avec un « vulcain » qui sonna comme une déflagration atomique. Pas de posture, simplement heureux d’être là avec nous, comme une évidence, ils enchaînèrent les titres, le plus souvent tirés de l’indétrônable « Rock’n’roll secours ». Comme autant de bombes jetées à la face des sceptiques, tout ce qu’ils touchent se transforme en fonte. Ebony, L’Enfer, Pile ou Face, titres bruts de décoffrage joués avec une urgence ahurissante. Pas de nostalgie ici, juste un putain de groupe qui joue du rock hors d’âge. Daniel pose sa voix rocailleuse sans jamais fatiguer, et enchaîne des solis d’une précision chirurgicale, quand son frère mitraille le public avec sa basse et que Marc martèle comme un forgeron des fûts que l’on imagine indestructibles.
La romance de vulcain
On s’époumone sur Les Damnés, on lève le majeur sur Fuck the police, on joue les chorus sur Black Silex. Les doigts se font cornus, on sue, on pleure on rit. Les 100 000 volts que dégage le groupe nous transpercent de part en part. On n’a plus d‘âge. On n’est que sensation. Et puis arrive l’incroyable rappel. Un Rock’n’roll secours qui déchire tout sur son passage, une rythmique folle, une furie d’autant plus intense que l’on sent la fin proche. Vulcain nous met à genoux ! Grandiose… Et comme tout a une fin, ils reviennent une dernière fois distiller une digue du cul rigolarde, véritable Madeleine de Proust offerte à un public qui l’appelait de ses vœux. Une rengaine que tout le monde entonne, comme des amis à la fin d’un banquet dont on sort repu... Puis Vulcain s’en va, et nous laisse seul. Pourtant quelque chose a changé, comme s’ils avaient réactivé une petite musique, de celle qui vous rend plus fort, qui vous donne un puissant sentiment d’appartenance. Une fredaine communautariste. Celle de la romance de Vulcain. Avec comme seul mot d’ordre pour ses esclaves : Servir son Nom ! Une tuerie !
Incry met ses émotions sur le tapis
Vous dire leurs gueules quand ils se retrouvèrent dans une salle presque comble devant Incry, groupe de métal contemporain, au gros mur de guitares et à l’aspect étonnamment bricolé. Devant un géant peroxydé féru de body building, dont l’allure générale n’était pas sans rappeler celle d’un tueur en série scandinave. Une voix à la Bernie Bonvoisin et des paroles un peu limites. La douche froide instantanée. Car c’est bien sympa, la nostalgie, mais ça fait oublier qu’on n’est pas forcément le bon public au bon endroit. D’ailleurs l’odeur de naphtaline collée au blouson de Frank commençait à l’incommoder quand Madame se disait que le slim en cuir acheté en vitesse pour l’occasion lui boudinait peut-être un peu trop les fesses. Pourtant même s’ils étaient difficiles à prendre au sérieux, personne n’a eu envie de tirer sur l’ambulance. Car Incry est aussi le symbole de la scène métal en général, occupé par des types sincères, des musiciens pointus, à la technique irréprochable. Des gars qui se soucient de leur public et donnent tout pour lui plaire. Qui n’ont honte de rien et mettent leurs émotions sur le tapis. Rien que pour cela, Incry méritait qu’on leur tire notre chapeau.
Une odeur de souffre
Toutefois, le doute s’était un peu insinué. Et si Vulcain, ça allait être ridicule ? Un truc daté, gênant, irracontable ? Et si le fils des volcans était devenu grotesque avec sa foudre et sa force métallique ? C’est à ce moment précis que les frères Puzio et Marc Varez traversèrent la salle, laissant traîner derrière eux cette odeur de souffre si caractéristique au Rock’n’roll. Des dégaines pas croyables, des gueules pas racontables, une attitude de seigneur, ils investirent la scène sous les vivats d’une foule soudain ragaillardie pour balancer la sauce sans sommation avec un « vulcain » qui sonna comme une déflagration atomique. Pas de posture, simplement heureux d’être là avec nous, comme une évidence, ils enchaînèrent les titres, le plus souvent tirés de l’indétrônable « Rock’n’roll secours ». Comme autant de bombes jetées à la face des sceptiques, tout ce qu’ils touchent se transforme en fonte. Ebony, L’Enfer, Pile ou Face, titres bruts de décoffrage joués avec une urgence ahurissante. Pas de nostalgie ici, juste un putain de groupe qui joue du rock hors d’âge. Daniel pose sa voix rocailleuse sans jamais fatiguer, et enchaîne des solis d’une précision chirurgicale, quand son frère mitraille le public avec sa basse et que Marc martèle comme un forgeron des fûts que l’on imagine indestructibles.
La romance de vulcain
On s’époumone sur Les Damnés, on lève le majeur sur Fuck the police, on joue les chorus sur Black Silex. Les doigts se font cornus, on sue, on pleure on rit. Les 100 000 volts que dégage le groupe nous transpercent de part en part. On n’a plus d‘âge. On n’est que sensation. Et puis arrive l’incroyable rappel. Un Rock’n’roll secours qui déchire tout sur son passage, une rythmique folle, une furie d’autant plus intense que l’on sent la fin proche. Vulcain nous met à genoux ! Grandiose… Et comme tout a une fin, ils reviennent une dernière fois distiller une digue du cul rigolarde, véritable Madeleine de Proust offerte à un public qui l’appelait de ses vœux. Une rengaine que tout le monde entonne, comme des amis à la fin d’un banquet dont on sort repu... Puis Vulcain s’en va, et nous laisse seul. Pourtant quelque chose a changé, comme s’ils avaient réactivé une petite musique, de celle qui vous rend plus fort, qui vous donne un puissant sentiment d’appartenance. Une fredaine communautariste. Celle de la romance de Vulcain. Avec comme seul mot d’ordre pour ses esclaves : Servir son Nom ! Une tuerie !
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