dimanche 18 mars 2012

Sortie poche : La carte et le territoire


Auteur : Michel Houellebecq

Sans surprise, le dernier Houellebecq, qui depuis sa sortie à remporté le prix Goncourt, est un très bon roman. L’auteur s’attache à suivre la partie créative de l’existence de Jed Martin, artiste peintre touche à tout, dont on devine assez rapidement qu’il sera une sorte d’Alter Ego, un double cadet de Michel Houellebecq, qui joue à se mettre en scène dans le roman, accréditant par le texte même cette filiation.

Une fois encore, Houellebecq y porte un regard détaché sur le monde qui l’entoure, et nous décrit l’humanité comme un anthropologue le ferait d’une société indigène mal comprise. Tour à tour désenchanté, amusé et fataliste, il témoigne comme personne de l’absurdité du monde contemporain, dans lequel, à l’évidence, il n’arrive pas à trouver une place, si ce n’est accepter celle que les observateurs lui donne.

Dépouillé de ses passages les plus subversifs, qui avaient fait les choux gras des médias pour ses deux derniers romans, et qui finissaient par en parasiter l’image, l’auteur décline ici avec une douce tranquillité, ses considérations sur l’euthanasie, l’art, la modernité, le sexe, le monde du travail, l’inspiration, la mort et le libéralisme, fleuretant à la grâce de son regard décalé avec un premier degré si personnel, qu’il rend toute activité humaine ridicule.

« Le monde est médiocre » écrit-il, comme pour valider ce décalage, cette impression qu’il n’en fait plus partie, que parler avec un chauffe-eau défaillant n’est pas moins absurde que de communiquer avec les êtres périssables qui le côtoient et finiront pareillement emportés par la végétation. A noter un étrange virage narratif au troisième chapitre, ludique, et presque haletant, qui fait brûler les dernières pages d’un livre qui s’avère mémorable.

En bref : Le roman le moins subversif de Michel Houellebecq est donc celui qui aura décroché la timbale. Sans surprise car il est loin d’être rentré dans le rang et semble ici s’être plus diverti qu’à l’accoutumée en se mettant en scène au cœur d’une vrai fausse enquête aussi fantaisiste que secondaire. Car ce qui prime dans La carte et le territoire c’est ce point de vue si singulier porté sur notre société par celui qui est peut être le plus grand écrivain français de sa génération. Indispensable.

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