Réalisation : Damiano Damiani
Avec : Burt Young, Rutanya Alda, James Olson
Année : 1982 Durée : 1h40 Pays : USA
Suite du surcoté et sympathique Amityville, Le
possédé s’avère en fait en être la préquelle, Damiano Damiani
s’attachant à raconter le massacre originel qui avait inspiré la légende
entourant cette macabre demeure. Faisons un retour rapide dans le passé pour se
remémorer les faits : en 1977 sort le livre Amityville, la maison du diable qui
témoigne de l’existence d’une maison hantée dont les occupants semblent maudits,
enracinant les fait jusqu’au temps de la chasse aux sorcières. Les Lutz, qui
l’occupent alors et participent activement au livre, se plaignent d’évènements
paranormaux, d’odeurs pestilentielles et de présences invisibles qui finissent
par les pousser à fuir après leur avoir ôté le sommeil durant de longs
mois.
Pipeautage presque absolu, le livre vérité fait recette, la maison hantée
devient légende, Stuart Rosenberg en tire un film au succès mondial, sobre,
inquiétant et parfois un peu rasoir, à l’authenticité validée par le massacre,
en 1974, de toute sa famille par Ronald Defeo. Armé d’une carabine, il abat
froidement ses frères et sœurs, ainsi que ses parents, avant d’être arrêté et de
plaider la folie. Cette nuit, une voix lui aurait intimé l’ordre de les attraper
et de les tuer. Le plus jeune de ses frères avait neuf ans.
Pour la génération de Frank Zito, cette
histoire était de celles que l’on se racontait pour se s‘empêcher de dormir, le
soir, quand le bois des maisons grinçait et que les lueurs de la nuit faisaient
glisser le long des murs des ombres torturées indéfinissables. Fantasme d’autant
plus inquiétant qu’il s’imaginait alors enfermé dans le grenier du 112 Ocean
Avenue, derrière ses fenêtres rougissantes symboles absolus des yeux du
diable.
Mais alors que l’original, appuyé sur l’histoire fantaisiste des Lutz,
donnait dans le réalisme froid, Tomy Lee Wallace torche un scénario aussi
excessif que fantastique autour de l’histoire pourtant vraie du massacre de la
famille Defeo (devenue ici les Montelli). Le réalisateur des baroques
Halloween III et Vampire, vous avez dit vampire II livre une
histoire en deux parties bien distinctes, que le vieux faiseur rital semble
s’être fait un plaisir de mettre en images.
Occupons nous d’abord de cette première heure durant laquelle nous assistons
à l’arrivée des Montelli, à la malédiction qui frappe l’aîné, Sonny, et
l’entraîne à tuer toute sa famille. Très bien tenue, assez tendue et malsaine,
cette partie s’avère presque supérieure à La maison du diable.
D’abord parce que le fantastique y est plus exubérant, l’esprit maléfique étant
incarné par des travellings de caméra qui rappellent que la révolution Evil dead
vient de passer par là, même s’il donnent ici l’impression de voir du Sam Raimi
sous lexomil. L’efficacité est bien au rendez-vous : esprit frappeur, souffle
maléfique, yeux exorbités, lévitation, fenêtres qui claquent, mutation physique,
rien ne manque vraiment à l‘appel.
Et si Burt Young donne le minimum en père bourru, rôle qui pourtant lui colle
à la peau comme un collant de ballerine depuis Rocky, Jack Magner
(Sonny) et Diane Franklin (Patricia) livrent de leur côté une performance
remarquable. Car ce qui fonctionne le mieux, trente ans plus tard, c’est cette
destruction méthodique de la cellule familiale, ici vécue par le spectateur de
façon douloureuse tant elle est malsaine. L’inceste subit et accepté par
Patricia donne tout son sens au caractère lubrique de l’esprit qui gît dans les
sous-bassements d’Amityville. On étouffe en redoutant le pire. Pire qui finit
par arriver. Remarquable.
Sauf qu’il reste quarante minutes de bobine après le massacre. Et alors là,
c’est la fête à la saucisse. Fini Amityville, place à un L'exorciste discount
et interminable, mâtiné de films de procès et de gore bricolé. L’histoire par en
vrille, les couleurs se font criardes, de la fumée sort d’un peu partout, la
réalisation nous la joue baroque à tous les étages, tandis que le père Tom fait
n’importe quoi pour colmater les brèches d’un scénario soudain interprété par
des acteurs de seconde zone qu’on croirait tous affublés de postiches. Grimaces,
déformations pas formidables, musique d’ambiance omniprésente, dialogues
vasouillards et rebondissements loufoques, Le possédé ne sait plus où
il va, gesticulant tristement jusqu’à une fin ultra prévisible qui nous fait
presque oublier qu’avant tout cela, il y avait eu un film. Dommage.
En bref : Préquelle d’Amytiville, Le
possédé narre l’histoire vraie du massacre perpétré dans la petite bourgade
d’Amityville, et accessoirement à l’origine du mythe. Jack Magner, dans le rôle
de Sonny, en fait des caisses, grimace beaucoup, mais dès qu’il s’agit de se
faire malsain en jouant avec les sentiments de sa sœur, trouve alors le ton
juste. D’autant que Diane Franklin (Patricia), en jeune fille folle de son frère
au point d’envisager l’inceste pour le soulager de ses souffrances, est
exceptionnelle. Damiano Damiani apporte son savoir faire et toute la démesure
italienne à l’ouvrage. Hélas, Le possédé se retrouve, par un effet de
scénario mal contrôlé, coupé en deux : une heure de malédiction suivi de
quarante minutes d’exorcisme ringard qui se traîne de cours de justice en
église, et finit par virer pantalonnade, voire zèderie ritale à la Lamberto
Bava. Déséquilibré, il finit par se casser la gueule, non sans avoir réussi dans
sa première partie à souffler l’haleine fétide du démon. A revoir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire