samedi 1 juin 2013

Ciné : La belle personne (ou la nouvelle princesse de Clèves)


Réalisation : Christophe Honoré

Avec : Louis Garrel, Léa Seydoux, Grégoire Leprince-Ringuet

Année : 2008               Durée : 1h30                 Pays : Français

La belle personne.
Junie, seize ans, change de lycée en cours d'année à la suite à la mort de sa mère pour intégrer la classe de son cousin Matthias. Courtisée, elle va rapidement se mettre en couple avec le plus rangé des voiture de la bande, Otto, quand c’est le ténébreux Nemours, son professeur d'italien, qui la fait bruler de désir.

Christophe Honoré met en scène avec nuance la complexité adolescente des émois amoureux dans une classe de lycée du XVIème arrondissement. Exit ici les habituelles conventions sociales du film scolaire. Loin de la rupture classique élève/professeur, il nous fait découvrir un ambiance propice à l'épanouissement intellectuel, où les hormones bouillonnent autant que les neurones. Dans le XVIème, on ne couche pas ensemble, on a une activité sexuelle. On ne se quitte pas, on s’éloigne un peu. Et c’est dans ce décor un peu désuet de la bonne éducation parisienne qu’il développe son scénario, réalisé d’après la trame de la Princesse de Clèves. Honoré dénude la complexité des sentiments amoureux, vus ici comme un jeu à plusieurs bandes qui peut mener à la folie. Junie y est incarné par la superbe Léa Seydoux, qui se contente de traverser le film avec une moue frondeuse indéchiffrable pour tout renverser sur son passage, quand Jacques est Louis Garrel, formidable bellâtre, qui personnifie son professeur narcissique, contradictoire et égocentré avec une classe et un sens de la comédie étonnant.

L’ensemble du casting est d’ailleurs parfait, au diapason de ce scénario insaisissable, où une jeune fille opaline et fragile peut se transformer en tueuse par la force dévastatrice de sa passion, où de fausses lettres révèlent de vrais sentiments et où le penchant amoureux ne peux exister qu’à fleur de peau. La dure vérité sort d’ailleurs de la bouche du trop gentil Otto, qui se rend compte à ses dépends qu’on ne sait jamais rien des gens et moins encore de ceux que l’on aime.

En bref : Si La belle personne avait tout pour être un film d’auteur de plus, gentiment pompeux et un peu rasoir, il s’avère en fait léger et brillant comme sa classe du lycée Molière, touché par la grâce de la jeunesse…


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