
Réalisation : Michael Moore
Année : 2007
Sicko, documentaire.
La propagande nationale, qui manie un double discours particulièrement
écœurant, y est confrontée aux ravages de son système, ce qui crée un contraste
parfois insoutenable. Les pauvres hères qui témoignent, empêtrés dans des
histoires de films d’horreur, ont l’humour du désespoir, de celui qui vous tire
des larmes. Là bas, les accidents de la vie bousillent tout sur leur passage, le
bulldozer des coûts de santé étant plus insurmontable encore que la maladie
elle-même. Michael Moore, formidable conteur, monteur de génie, arrive, grâce à
une mise en scène particulièrement efficace, à nous amuser de ces situations
ubuesques et sordides. Sa démonstration à charge -et pourquoi faudrait-il
qu’elle ne le soit pas ?- mais parfaitement documentée, cloute sa thèse avec
cette fausse naïveté qui fait son fond de commerce, mais aussi tout son sel :
cet art de poser un principe moral, presque enfantin, sur des mécanismes humains
devenus purement mercantiles, dont tout le monde semble vouloir nier l’horrible
finalité.
Année : 2007
Sicko, documentaire.
Si 50 millions d’américains vivent sans assurance maladie, ce qui les
condamne à parfois recoudre eux même leur plaies, Michael Moore ne s’intéresse
pas à ces indigents dans Sicko, mais aux 250 millions d’américains
assurés. Par une volonté féroce de mettre sur le devant de la scène les
défaillances du système de santé américain (remit au goût du jour par la
politique de Barak Obama) Moore exhibe les dégâts quotidiens produits par
l’absence quasi-totale d’une politique de service public dans le domaine
médical, où l’intervention de l’état est vu comme un doigt enfoncé dans
l’engrenage menant tout droit au socialisme.

Pour les européens que nous sommes, Sicko prend une tonalité
d’autant plus réjouissante dès qu’il sort de ses frontières pour aller à la
rencontre de sociétés pour qui la santé n’est pas synonyme d’assurance, de
profit, de rentabilité, de lobbying et d’industrie. Pas encore, en tout cas,
car, par une mise en abîme involontaire, le français tremblera à l’idée de ce
que la perte de ces acquis pourrait produire. Alors même s’il flanche un peu sur
sa dernière partie, Sicko reste une réussite presque totale, qui place
des visages sur de simples mots-valises croisés au détour de journaux télévisés
aseptisés, et dont on prend conscience que leur sens est littéralement
effroyable. Un grand documentaire fait par un sacré bonhomme…
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